Bibliographie raisonnée de l'œuvre de Jean Aicard

Jean Aicard, fort célèbre en son temps, fut, après sa mort, oublié : de nouveaux courants littéraires avaient fait leur apparition, d'autres écrivains tenaient le haut du pavé ; dans l'entre-deux-guerres, la société évolua profondément et le second conflit mondial marqua une rupture complète, encore accentuée par l'arrivée de nouvelles technologies – radio, télévision, développement de la presse, – vecteurs d'autres cultures.

C'est essentiellement l'école primaire qui assura la survie de Jean Aicard dans la seconde moitié du XXe siècle, mais au travers de deux aspects fort mineurs et bien peu représentatifs de son œuvre totale : la poésie enfantine et la galéjade provençale. Il est ainsi devenu, pour les uns un faiseur de récitations et, pour d'autres, un charmant conteur d'histoires villageoises…
Et pourtant, lorsqu'il l'accueillit à l'Académie française, le jeudi 23 décembre 1909, Pierre Loti, son ami et l'un de ses meilleurs exégètes, salua en lui un penseur et même un mystique chrétien : Jean Aicard était en effet considéré par ses contemporains comme un philosophe, voire un théologien… de sa propre religion, bien entendu !
Il convient donc de redécouvrir la richesse et la variété de son inspiration et de sa production littéraire.
Cette page présente le premier essai de bibliographie raisonnée de l'oeuvre de Jean Aicard : compte tenu de l'énormité du propos concernant un écrivain qui a laissé un nombre considérable d'écrits ― poésie, théâtre, roman, discours, essais, articles de presse, etc, ― cette rubrique est appelée à connaître une évolution continuelle...

Les écrits de l'enfance et de l'adolescence

Pour les œuvres de jeunesse voir, aux archives municipales de Toulon, dans le Fonds Jean Aicard, les recueils manuscrits inédits :

― À ma sœur (carton 1 S 38) : paquet de feuilles non reliées qui constitue une tentative de recueil faite en 1866.
― Aimer-Penser (carton 1 S 32) : beau registre non folioté, composé pour Jacqueline avec des poèmes des années 1864-1870 parfaitement mis au net.
― Cahier vert (carton 1 S 38) : cahier relié contenant des textes en prose et un vrac de poèmes et de proses, à différents états d'avancement, pas toujours bien datés.
― Flux et Reflux (carton 1 S 32, cahier 224, 180 pages) : beau registre folioté, regroupant quatre-vingt-huit poèmes composés en 1865 et 1866, joliment mis au net.
― Hommes et Choses (carton 1 S 38) : beau registre relié, 146 pages ; souvenirs et pensées des années 1866 et 1867 (le dernier quart du registre a été rempli plus tardivement).
― Liberat liber (carton 1 S 38) : registre relié de 30 pages contenant des réflexions intimes et des souvenirs aixois ; textes fort raturés, d'une lecture difficile ; la fin est plus tardive.
― Mes vers d'enfant (carton 1 S 34) : cahier d'écolier de 64 pages où l'auteur a copié, dans un ordre essentiellement chronologique, des poèmes et articles publiés jusqu'en 1879.
― Poèmes et contes divers (carton 1 S 38) : vrac de poèmes généralement mis au net, essentiellement de la période 1864-1869.
― Poésies à ma douce mère (carton 1 S 35, album 327) : registre noir oblong, non folioté (60 pages) ; poèmes des années 1861-1862, d'abord joliment mis au net, puis revus, corrigés, raturés voire cancellés jusqu'à devenir illisibles.
― Souvenirs d'enfance (carton 1 S 35) : manuscrit très raturé, d'une lecture difficile ; autobiographie des premières années, sans aucun élément de datation.
― Vestiges de mes cahiers d'enfant (carton 1 S 40) : vrac de feuilles généralement très raturées, d'une lecture difficile, avec des poèmes totalement cancellés, d'autres non datés, essentiellement des années 1863-1866.
― Vieux vers et vieille prose (carton 1 S 31, chemise jaune) : vrac de feuilles très raturées, d'une lecture difficile, contenant essentiellement des ébauches.

Quelques poèmes inédits

Les deux poèmes donnés par Jean Aicard lui-même comme étant ses plus anciens furent écrits à Mâcon.
Sa production poétique, jusqu'au 31 décembre 1873, comprend quatre cents pièces, dont deux cent trente environ ont été publiées dans les premiers recueils de l'écrivain ou dans la presse régionale et locale. Des collections particulières peuvent posséder des poèmes de Jean Aicard, de nombreuses copies ayant été réalisées par l'auteur lui-même à l'intention de ses amis ou de ses correspondants. Et les dépouillements systématiques de la petite presse livrent toujours de nouvelles trouvailles !
La production de cette époque est très inégale : le jeune poète essaye d'exprimer des sentiments et des émotions très personnels, mais il est aussi prisonnier des formes classiques de l'écriture poétique et, dans des élans un peu trop inspirés de l'Exilé de Guernesey, adopte parfois un style pompeux et emphatique.
Le premier poème publié dans la presse est « L'Orphelin », qui parut dans Les Petites Annales de l'orphelinat agricole de Saint-Isidore à Saint-Cyr (Var), n° 19, 15 décembre 1861, pages 87-88.

1865 - Poésie - La Chute d'Athènes

Archives municipales de Toulon, Fonds Jean Aicard, carton 1 S 31, chemise n° 215, manuscrit autographe, 9 feuillets ; belle mise au net corrigée par un professeur.
Aicardiana, 2e série, n° 18, 15 septembre 2016, pages 227-234.

En juillet 1865, alors qu’il achevait sa scolarité secondaire au lycée de Nîmes, le jeune Aicard composa un long poème de près de deux cents alexandrins, intitulé La chute d’Athènes.
Après la bataille de Marathon en 490, Athènes avait pris l’hégémonie sur les cités voisines ; la ville parvint alors à un très haut niveau de civilisation. Sa grande rivale, Sparte, en prit ombrage ; les hostilités se poursuivirent jusqu’à la capitulation d’Athènes devant les armées de Sparte, conduites par Lysandre. Athènes demanda la paix et Sparte dicta de dures conditions : la ville vaincue perdait ses murailles, sa flotte, et toutes ses possessions.
Mettant en vers ces événements tragiques, notre jeune poète imagine les généraux de Sparte tout à leur joie, en train de festoyer. On demande des musiciens pour égayer la fête mais un chanteur déclame les vers d’Euripide où Électre se plaint de son triste sort. Alors, ému, un vieux soldat se lève : dans une longue tirade fort savante, il rappelle tout ce qu’a fait Athènes pour protéger les cités grecques des convoitises des Perses et appelle les vainqueurs à la clémence.

1866 - Poésie - Jeanne d'Arc

Le Toulonnais, 1866.
Toulon, imprimerie d'Eugène Aurel, 1866, in-8°, 12 pages.
Deux versions manuscrites dans les recueils Flux et Reflux XLVI page 103, et Aimer-Penser (archives municipales de Toulon, Fonds Jean Aicard).

En ligne : Gallica (BnF)

Le plus long poème composé par Jean Aicard avant 1873 : par cette ode à l'héroïne nationale – dont l'Église n'avait pas encore mis la statue sur ses autels – l'auteur apporta sa contribution au rachat de la tour.
Après avoir pris Rouen en juin 1204, Philippe-Auguste y fit édifier un château-fort, celui-là même où Jeanne d'Arc fut emprisonnée à Noël 1430. Progressivement démantelé à partir de la fin du XVIe siècle, l'édifice était réduit, en 1840, à son seul donjon, enclavé dans un couvent d'Ursulines. Cette tour était si ruinée que les religieuses résolurent de la faire abattre, mais l'État accorda une subvention pour la consolider. La ville de Rouen lança en 1866 une souscription nationale pour le rachat de la « tour Jeanne d'Arc ». Viollet-le-Duc la restaura à son état d'origine ; le second étage et la toiture furent entièrement reconstruits.
Jean Aicard porta son poème, daté « Toulon. 27 Avril 1866 », à l'imprimeur toulonnais Eugène Aurel qui le mit en vente pour participer à la souscription nationale.
La pièce est dédiée à Jules Michelet, le célèbre historien, dont Jean Aicard avait fait la connaissance à Hyères au début du mois d'avril 1866.

1866 - Théâtre - Le Mot de l'énigme

Un acte en vers.

Aicardiana, 2e série, n° 28, 15 octobre 2019, pages 27-46.
Archives municipales de Toulon, Fonds Jean Aicard, carton 1 S 35, dossier "Manuscrits XI", enveloppe n° 352, manuscrit autographe, belle mise au net, un cahier 33 pages, daté à la fin "Toulon décembre 1866".

La première tentative théâtrale de Jean Aicard paraît être cette pièce en un acte en vers restée inédite et jamais jouée. Cet essai d’un jeune écrivain de dix-huit ans présente de nombreuses imperfections : on y trouve des vers faux, des expressions empruntées, des passages maladroits. Mais l’étude des caractères est mieux réussie et le poète y développe les prémisses d’une philosophie de la pitié.
Le jeune Marcel, un bâtard adopté, n’a jamais connu l’amour des hommes ; le sacrifice que sont prêts à faire pour lui Mary et Robert lui montre une humanité éprise de pitié ; transfiguré par cette révélation, il reprend courage.
L’histoire de Marcel est celle de Jean : orphelin de père, fils d’une mère absente et incapable de le prendre en charge, notre poète connut surtout les internats de Mâcon et de Nîmes. Les retrouvailles avec sa demi-sœur Jacqueline, son « adoption » par Amédée André, grand cœur animé d’une grande pitié, et son admission dans leur campagne des Lauriers à partir de l’été 1866 lui procurèrent une famille.

1867 - Poésie - Les Jeunes Croyances

Paris, Alphonse Lemerre, mi-mai 1867, in-18, 146 pages.

Aicardiana, 2e série, n° 21, 15 juin 2017, pages 49-177 ; nouvelle édition avec introduction et notes par Dominique Amann.

En ligne : Gallica (BnF)

De ses travaux d'enfance et d'adolescence, Jean Aicard avait amassé plusieurs centaines de poèmes. Profitant des vacances universitaires en septembre 1866, il rassembla toute sa production, effectua un tri et ne conserva guère que ses écrits des années 1865 et 1866, qu'il copia dans un beau volume relié, sous le titre Flux et Reflux, contenant les quatre-vingt-huit poèmes lui paraissant achevés, dignes d'être conservés et éventuellement publiés.
Le jeune poète confia son manuscrit au maître Léon Laurent-Pichat, qui envoya à son élève des corrections et suggestions pour plus de cinquante poèmes. La critique ayant été sévère, mais toujours bien argumentée, le jeune auteur dut reprendre tout son travail : si quelques pièces semblaient achevées, de nombreuses autres devaient être corrigées et au moins dix abandonnées. Par ailleurs, Laurent-Pichat demandait des poèmes plus consistants et plus riches, tant dans leur forme que leurs idées. Il invitait le jeune auteur à plus de profondeur, à moins de pastiches – notamment d'Hugo – et, d'une façon générale, à une expression plus naturelle.
Jean se remit au travail : il refit, élimina, corrigea, et rajouta plus de dix poèmes. À la fin de l'année, le recueil était construit.
L'éditeur parisien Alphonse Lemerre accepta le manuscrit. Amédée André régla la part demandée. Dans la seconde quinzaine du mois de mars 1867, Jean se rendit à Paris avec ses manuscrits et donna à l'ouvrage sa forme définitive. Alors que la composition typographique était déjà commencée, il rajouta, in extremis, trois poèmes : « Solidarité » (février 1867), « Exil » (7 avril 1867), « À Lamartine » (24 avril 1867). Finalement, l'ouvrage sortit en librairie sous le titre Les Jeunes Croyances, au milieu du mois de mai 1867, dédié à Jacqueline.
Dans cette version définitive, le recueil rassemble quarante-neuf poèmes distribués en quatre parties. Ce premier recueil poétique exprime les désespoirs, les élans, les attentes, les ruminations, les angoisses, les joies et les fébriles émois d'un adolescent à la découverte du monde.
Si aucun critique ou journaliste ne se risqua à emboucher la trompette de la Renommée, du moins tous félicitèrent l'auteur et l'encouragèrent à travailler et à persévérer : succès d'estime, donc, mais le but était atteint et le jeune poète avait fait son entrée en littérature.
NB : il a été écrit que Jean Aicard aurait publié cet ouvrage sous le pseudonyme "Dracia"... Belle ignorance de la réalité : en publiant ce premier recueil poétique, Jean Aicard voulait se faire connaître du monde des lettres, entrer officiellement en poésie... et il avait d'autant plus intérêt à utiliser son vrai nom que celui-ci avait déjà été popularisé par son père !

1867 - Nouvelle - Jacqueline

Cette bluette n'est connue que par un seul manuscrit autographe, format 20 x 15 cm, 40 folios, actuellement dans une collection particulière. Ce manuscrit, déposé chez l'éditeur parisien Champion, resta enfoui dans ses archives pendant plus d'un siècle. Dominique Amann l'a découvert, en septembre 2007, dans le fonds de M. William Dailey, libraire à Los Angeles, et l'a publié dans Contes et Récits de Provence (voir ci-après, année 2010).

Jean Aicard passa une grande partie de l'été 1867 aux Lauriers-Roses, en compagnie de sa demi-soeur Jacqueline et du père de celle-ci, Amédée André, devenu son père adoptif. La bastide était établie sur lou plan (la plaine) de La Garde (Var), au quartier du Petit-Pont, non loin de Toulon.
Profitant de la belle saison, le jeune homme parcourut en tous sens la campagne, rencontra ses habitants, étudia leurs mœurs et rédigea une délicieuse bluette, Jacqueline, très belle histoire d'amour entre Jacqueline, la fille de maître Brun Mathieu, propriétaire aisé d'une petite ferme, et Pierre lou pastre, un orphelin échoué là, gardien des moutons et chèvres d'un riche éleveur.
Jacqueline, âgée de dix-sept ans, est une belle jeune fille à la santé éclatante, heureuse de sa vie simple en compagnie de ses vieux parents.
Durant les longues soirées de solitude, Pierre a appris à jouer de la flûte et a mémorisé un répertoire d'airs à la mode. C'est ainsi que les soirs de fête, après avoir confié son troupeau à Jean le fada, l'idiot du village, il allait dans les villages et hameaux pour animer les bals populaires.
L'adolescente, promise au fils de maître Toucas, découvre peu à peu en ce fiancé un vaniteux sans ambition, trop pressé de partir s'établir à Toulon : aussi lui préfère-t-elle le bon Pierre amoureux de la vie rurale.
Dans ce récit, l'auteur dépeint longuement le village et ses alentours, le rocher et sa chapelle romane, les hameaux et leurs fermettes, les pâtures du Pin-de-Galles et la rivière des Amoureux. Malgré son jeune âge, il développe aussi une analyse psychologique très fine des ses personnages.
Les traditions et usages locaux ne sont pas oubliés : la vie à la ferme avec ses travaux quotidiens, la vendange et ses rites, le travail du berger, l'orage ou la fête de la Saint-Maur d'hiver avec danseurs et tambourins, les inondations périodiques font l'objet de descriptions pittoresques et imagées.

1867 - Théâtre - L'Amour est mort, vive l'Amour ! (ou Chassé-Croisé, ou Par monts et par vaux).

Un acte en vers, inédit.

Archives municipales de Toulon, Fonds Jean Aicard, carton 1 S 35, dossier « Manuscrits XI », pièce n° 351, manuscrit autographe non daté, un cahier de 42 pages. — Dans deux autres manuscrits, la pièce porte les titres alternatifs Chassé-croisé ou Par monts et par vaux. Chassé-croisé, un acte en vers, daté « 1868 » à la première page : archives municipales de Toulon, Fonds Jean Aicard, carton 1 S 34, dossier « Manuscrits VI », pièce n° 305, manuscrit autographe, 42 pages, brouillon. Par monts et par vaux, un acte en vers, non daté : archives municipales de Toulon, Fonds Jean Aicard, carton 1 S 34, dossier « Manuscrits IV », pièce n° 293, manuscrit autographe, 46 pages, belle mise au net.

Jean Aicard quitta la Capitale à la fin du mois de juillet. L’agitation de Paris, le souci de la composition de ses Jeunes Croyances puis un intense labeur universitaire ayant épuisé son énergie, le jeune homme aspirait à un bonheur simple, une vie régulière, au milieu des siens dans sa « petite patrie » provençale. Après quelques jours à Toulon en compagnie de sa mère et d’Alexandre Mouttet, puis quelques jours à Sainte-Trinide chez le grand-père Jacques et la tante Magdeleine, il rejoignit Amédée et Jacqueline dans leur bastide de La Garde et resta avec eux jusqu’à la fin septembre.
C’est très probablement durant ce séjour qu’il écrivit L’Amour est mort, vive l’amour ! une comédie en un acte et en vers dont le sujet convenu et une versification parfois relâchée confirment qu’il s’agit là d’un simple « devoir de vacances » : un badinage amoureux, faussement désabusé, entre Judith et Gustave d’une part, Alphonse et Marguerite d’autre part, aboutit à deux déclarations d’amour entre ces partenaires, prouvant que le sentiment amoureux est toujours vivace au cœur des jeunes gens.

1868 - Théâtre - Au clair de la lune

Un acte en vers.

Aicard (Jean), Au clair de la lune, Paris, Alphonse Lemerre éditeur, 1870, in-16, 42 pages ; achevé d’imprimer le 10 janvier 1870.
Aicard (Jean), Théâtre, Paris, Ernest Flammarion éditeur, 1911, in-16°, volume II, 318 pages ; la pièce aux pages 43-70.
Aicardiana, 2e série, n° 28, 15 octobre 2019, pages 47-77.

En ligne : Gallica (BnF)

Jean Aicard retrouva la Capitale vers la mi-novembre 1867 et reprit le chemin de la faculté pour y préparer l’examen de bachelier en droit sanctionnant la deuxième année d’études. Le jeune homme ne parvenait pas à s’intéresser à cette matière et sa production littéraire de cette époque révèle qu’il était dévoré par le besoin d’écrire : à la mi-août 1868 il renonça et revint à La Garde.
Il se promettait d’agréables vacances… mais la maladie perturba ses projets : il avait contracté une "petite vérole" des moins bénignes, maladie infectieuse se traduisant par des éruptions pustuleuses qui laissaient la peau toute grêlée. Les messieurs n’avaient alors d’autre ressource que le port de la barbe pour dissimuler les cicatrices résiduelles visibles sur le visage.
Le poète mit à contribution son inactivité forcée pour poursuivre son œuvre littéraire. Sa découverte de la comedia del arte italienne lui donna l’idée d’une aventure entre ses principaux personnages : le naïf Pierrot, la rusée Colombine et le perfide Arlequin.
Sa petite comédie, Au clair de la lune, augmentée d’un prologue mettant en scène « la Comédie italienne », fut reçue par le Gymnase de Marseille et portée à la scène de ce théâtre le mardi 18 janvier 1870 : le public lui réserva un accueil chaleureux et la pièce fournit une dizaine de représentations. L’éditeur parisien Alphonse Lemerre en fit l’impression.
L’argument est simple : Pierrot et Colombine dînent de bon appétit lorsqu’ils sont interrompus par Arlequin affamé ; en entrant, celui-ci expulse Pierrot dans la nuit froide. Arlequin lutine Colombine et se déguise en Pierrot : quand celui-ci revient avec le guet pour faire expulser son rival, il se trouve face à son sosie ! Pour se venger, Pierrot se déguise en médecin et fait avaler à Arlequin un puissant laxatif… l’usurpateur doit s’enfuir et Colombine déclare, d’un ton câlin, à son Pierrot : « C’est toi que j’embrassais dans cet Arlequin blanc ! »
La comédie est divisée en onze scènes courtes : la brièveté des dialogues, les changements rapides de personnages donnent à l’ensemble un ton primesautier, même si ce poème évoque de manière triste l’homme bon victime de son honnêteté et de sa confiance naïve.

1869 - Poésie - Sur un champ de bataille

Bulletin de la Société académique du Var, 1869, pages 235-244.
Toulon, Laurent typographe, 1869, in-8°, 16 pages.
Aicardiana, n° 3, août 2013, pages 63-74.

Malade pendant les mois d'août et de septembre 1868, Jean Aicard mit à profit son inactivité forcée pour continuer son œuvre, en écrivant notamment ce dialogue en vers.
La Société académique du Var – devenue aujourd'hui l'académie du Var – organisait, chaque année, divers concours, et notamment un concours de poésie. Pour l'année 1868, le sujet proposé fut : « un dialogue entre le Génie de la paix et le Génie de la guerre ».
Jean Aicard entra en lice et la commission d'examen eut à juger trois envois. Celui de notre poète, intitulé Sur un champ de bataille et qui se détachait nettement des autres, reçut, à l'unanimité, le prix de poésie et fut publié dans le bulletin annuel de la société.

1869 - Théâtre - Faust

Aicardiana, 2e série, n° 28, 15 octobre 2019, pages 79-172.

Jean Aicard, au début de ses études à Paris, avait décidé, notamment sur les conseils de Léon Laurent-Pichat qui l'invitait à étudier la littérature germanique, d'apprendre l'allemand. Ses progrès avaient probablement été rapides et il s'enhardit à réaliser une traduction du Faust de Goethe, en collaboration avec Elzéar Bonnier-Ortolan.
La traduction et la mise en vers étaient achevées au début mai 1868, quand Jean Aicard quitta Paris pour un séjour en Provence : la pièce comptait alors cinq actes en dix tableaux (archives municipales de Toulon, Fonds Jean Aicard, carton 1 S 19, n° 7, chemise « Jean Aicard & Elzéar Bonnier. Faust – traduction en vers »).
Elzéar présenta la pièce au comité de lecture de la Comédie-Française : dans sa séance du jeudi 13 mai 1869, il la reçut « à correction » avec privilège d'une seconde lecture. Cette décision était attendue car la Comédie-Française n'était guère familière des traductions – qui étaient plutôt l'apanage de l'Odéon – et avait, à ce moment-là, un important répertoire à produire. Par contre, les comédiens français accordèrent à l'unanimité aux deux jeunes auteurs leurs entrées libres au Théâtre-Français pendant un an, pour leur marquer leur satisfaction et les encourager à écrire pour le théâtre.
La pièce fut ensuite reçue par le Vaudeville en août de la même année… puis par le Théâtre des Nations en décembre 1882… mais ne vit jamais les feux de la rampe ni les honneurs de la publication.

1869 - Théâtre - Le Pierrot de cristal (ou Un Voyage à Cythère ou Pierrot fragile)

Aicard (Jean), Théâtre (1911), volume II, pages 81-117.
Aicardiana, 2e série, n° 28, 15 octobre 2019, pages 179-211. Publica-tion d'après la magnifique copie de l’agence dramatique Eugène Leduc (archives municipales de Toulon, Fonds Jean Aicard, carton 1 S 19, pièce n° 2, cahier manuscrit, 38 pages), portant l’adresse de Jean Aicard au numéro 40 de la rue du Luxembourg et donc réalisée pour les représentations de 1903 : cette version, légèrement modifiée au moment des répétitions, est plus conforme au manuscrit original sur lequel elle a été copiée ; l’édition de 1911 apporte des modifications substantielles, notamment de larges coupures dans le texte.

Cette comédie en un acte en vers, primitivement intitulée Un voyage à Cythère ou Pierrot fragile, fut reçue par le Vaudeville en août 1869, mais n'y fut point représentée : répétée pendant plusieurs semaines "vers 1875..." elle sombra dans l'oubli.
Elle fut finalement représentée pour la première fois le 21 février 1903 dans une soirée de l'École normale supérieure, avec une musique de Camille Saint-Saëns pour la barcarolle finale.
Cette œuvre de jeunesse exploite de nouveau les relations amoureuses de Pierrot, Colombine et Arlequin : déguisé en médecin, Arlequin persuade Pierrot qu'il est en cristal ; de crainte de se briser, Pierrot repousse Colombine qui se précipitait pour l'embrasser ; blessée de ce refus, Colombine bastonne Pierrot pour lui montrer qu'il n'est pas de verre et file avec Arlequin en chantant la délicieuse barcarolle "Vogue, vogue la galère..." !

1869 - Théâtre - Pygmalion

Paris, Alphonse Lemerre, mi-juin 1872, in-16, 30 pages.
Aicard (Jean), Théâtre (1911), volume II, pages 43-70.
Aicardiana, 2e série, n° 28, 15 octobre 2019, pages 213-232.

La mention « Sainte-Trinide, en Provence, août 1869 » signale que c'est chez le grand-père Jacques, en cet été 1869, que Jean Aicard composa – ou acheva – ce "poème dramatique" en un acte et en vers, tout aussi bien conçu pour la seule lecture. Les trois premières scènes sont très courtes et la pièce est composée, aux quatre cinquièmes, de la seule scène IV. L'action fait intervenir quatre personnages – une femme, un statuaire, une statue et un serviteur – évoluant dans l'atelier du sculpteur.

Jean Aicard a intitulé cet acte du nom d'un sculpteur chypriote dont Ovide popularisa la légende dans ses Métamorphoses : Pygmalion, révolté par l'inconduite des Propétides, – prostituées et sorcières qui sacrifiaient leurs hôtes et les dévoraient ! – se voue alors au célibat… et devient amoureux d'une statue en ivoire, ouvrage de ses mains : il la nomme Galathée, la revêt d'habits somptueux et de riches parures. Aphrodite donne vie à Galathée et Pygmalion peut alors l'épouser.
La pièce n'a jamais été jouée (on peut lire, çà et là, qu'elle aurait été créée à Paris, sur le théâtre de l'Odéon, ce qui est faux) mais a été publiée et bien accueillie par la critique.
Jean Aicard n'a pas transposé dans sa pièce toute l'histoire légendaire telle que de nombreux artistes l'ont illustrée mais n'a repris que l'idée de l'amour d'un artiste pour son œuvre : un sculpteur s'est donc épris de la statue qu'il a façonnée et qu'il assimile à l'Art ; mais sa femme revient, arrache le statuaire à son rêve. L'artiste la découvre alors vivante et palpitante et peut lui déclarer : « Je t'aime, car c'est toi l'âme de la Beauté ! ».
« Le sujet en est la surprise éternelle dont la beauté plastique nous enveloppe parfois, nous dérobant soudain le mouvement et la vie, et nous abîmant dans la stérile contemplation des formes, qui ne sont qu'une harmonie vaine, arrachées au tourbillon rythmique des choses. » (L'Opinion nationale, mardi 11 juin 1872). Le poète évoque la lutte « entre l'art et la vie, entre le marbre et la chair, entre l'idéal et la réalité » (Le Rappel, jeudi 13 juin 1872), comme il l'explique dans le sonnet « Au lecteur » rajouté en tête de la pièce pour l'édition de 1872.

1869 - Théâtre - Le Labyrinthe

Aicardiana, 2e série, n° 22-23, fascicule 2, 15 septembre et 15 décem-bre 2017, pages 103-133.

Son séjour en Provence s’étant prolongé, c’est probablement dans le dernier trimestre de l’année 1869 que Jean Aicard acheva Le Labyrinthe, un acte en prose de dix-huit scènes connu par un unique manuscrit autographe (archives municipales de Toulon, Fonds Jean Aicard, carton 1 S 19, « Ms 16 »), très belle mise au net avec quelques indications de mise en scène et des corrections à la plume ou au crayon. Le manuscrit est daté à la fin : « (1869) année où j'ai paru dans la Revue nationale ».
La pièce met en scène Jeanne, jeune veuve vivant chez son père, courtisée par Mario et son jeune camarade Laurent.

1870 - Discours - Discours de réception à la Société académique du Var

« Société académique du Var. Séance publique du 26 janvier 1870. Discours de réception de M. Jean Aicard ; réponse de M. Noble », Bulletin de la société académique du Var, nouvelle série, tome III, 1870, pages xi-xxx.
Toulon, imprimerie de J. Laurent, 1870, in-8°, 22 pages.
Aicardiana, n° 3, août 2013, pages 75-92.

Jean Aicard ayant été distingué lors de leur concours de poésie de l'année 1868, les académiciens varois souhaitèrent enrôler ce jeune auteur apparemment promis à un bel avenir. Alexandre Mouttet était un membre influent de la société : il proposa la candidature du poète à la séance du 1er décembre 1869, présidée par Octave Teissier. Le juge Paul Billon, chargé d'examiner les titres du candidat, fit son rapport à la séance suivante, le 5 janvier 1870 et, ses conclusions ayant été favorables, Jean Aicard fut élu à l'unanimité. Selon l'usage, l'académie tint une séance solennelle et publique, le 26 janvier 1870 , où le nouveau membre prononça son discours de réception, dans lequel il avait choisi de parler… de la poésie, « cette beauté des êtres et des choses, cette splendeur du vrai ».
Le jeune orateur analysa trois genres : la poésie des choses, perceptible dans la Nature et l'harmonie de l'Univers ; la poésie humaine, poésie du cœur – manifestée essentiellement dans l'amour sous toutes ses formes, l'affection, la sympathie, l'amitié, – mais aussi poésie de l'Âme à la recherche du Vrai, du Bien et du Beau ; et la poésie sociale, ou poésie de la Liberté… Ce sont justement les trois genres qu'il avait lui-même cultivés.
La séance, tenue en présence du préfet du Var, marqua une nouvelle reconnaissance officielle du talent du jeune écrivain, qui y mérita un grand succès personnel.

1870 - Poésie - Les Blessés, La Guerre, Le Pigeon de Venise

Publication du comité de Toulon de la Société internationale de secours aux blessés, Marseille, typographie et lithographie Cayer et Cie, 1870, in-16, 16 pages :
— Les blessés, p. 3-5, « Toulon, 20 novembre 1870. »
— La guerre, p. 6-12, « Toulon, 18 novembre 1870. »
— Le Pigeon de Venise, p. 13-15, « Toulon, 17 novembre 1870. »

Les horreurs de la guerre de 1870 et des massacres de la Commune de Paris émurent les Français et Jean Aicard sut exprimer leurs sentiments : sa production de la fin de l'année 1870 participe de ces événements. Ses trois poèmes, Les Blessés, La Guerre, Le Pigeon de Venise, furent mis en vente en faveur des soldats victimes des conflits.

Le pigeon de Venise est l'image de toutes les victimes inutiles d'un despotisme barbare. La Guerre est une longue méditation sur l'horreur et l'inutilité de ces conflits qui n'ont d'autre fonction que de satisfaire la vanité de quelques monarques. Quant au poème Les Blessés, il invite à une immense compassion pour tous ceux que la guerre laissés mutilés, diminués, hideux.

1870 - Poésie - Paris

Publication du comité de Toulon de la Société internationale de secours aux blessés, Marseille, typographie et lithographie Cayer et Cie, 1871, in-16, 8 pages. Mise en vente au profit des blessés de la guerre de 1870.

En fin d'année 1870, Jean Aicard fit imprimer un hymne à Paris. Assiégée depuis le 18 septembre par les Allemands, la Capitale poursuivait une résistance héroïque.

1871 - Poésie - Garibaldi

Poème daté à la fin : "23 février 1871".
Aicardiana, 2e série, n° 18, 15 septembre 2016, pages 24-28.

Au début de l’année 1871, Jean Aicard rendit un vibrant hommage poétique au général Giuseppe Garibaldi, grand acteur de l'unification progressive de l'Italie.

1871 - Poésie - Les Rébellions et les Apaise-ments

Paris, Alphonse Lemerre, début septembre 1871, in-16, 190 pages.
Aicardiana, 2e série, n° 22, 15 septembre 2017 ; nouvelle édition avec introduction et notes par Dominique Amann.

Achevé à la fin de l'année 1869, le volume fut annoncé sous presse en février 1870… mais les événements de la guerre contre l'Allemagne puis de la Commune de Paris en repoussèrent la publication jusqu'en septembre 1871 !

Avec ce nouvel ouvrage, l'auteur fait un pas de plus en direction de la poésie philosophique.
Le titre double signale un recueil en deux parties, en l'occurrence opposées.
Dans la première, le poète célèbre les combats livrés contre l'aveugle fatum par l'Intelligence. Il chante ainsi la Terre informe émergeant progressivement du noir chaos primitif, la végétation attirée par la lumière, les ébauches de la pensée ; il admire Prométhée enchaîné défiant Jupiter ; il cherche à décrypter l'harmonie universelle, à percer le Silence éternel, à vaincre les ténèbres et les angoisses, à analyser le mystère de la mort. Il prend en haine l'humanité sotte et stupide, hypocrite et impure, la grand-route monotone et poussiéreuse image du monde des hommes. Il plaint les esclaves et les persécutés mais il magnifie les scaphandriers qui étendent le règne humain jusque sous les eaux, les conquérants, les rebelles fiers de leur délivrance… et même jusqu'à l'orgueil de Satan !
La seconde partie est d'une tonalité fort différente. Dédiée à Jacqueline, elle recense tout ce qui apporte la sérénité : la confiance simple du grand-père en la Providence, la Muse consolante, l'harmonieux silence, la vie de l'étang, l'amoureuse, le soleil vivifiant, l'envol de l'Âme et la liberté des oiseaux, l'onde rafraîchissante, le vent du large, les vaisseaux à la recherche de nouveaux mondes, les étoiles et la fantaisie, l'Amour.
Le recueil regroupe ainsi soixante-et-onze poèmes, tous composés après Les Jeunes Croyances. Ce n'est plus le travail d'un adolescent exprimant des émois ou des élans immatures, c'est la quête d'un jeune adulte cherchant à découvrir le sens des choses et des êtres : « Conçues durant cette période étouffante du régime impérial dont nous avons tous subi le poids douloureux, alors que l'avenir paraissait assuré au despotisme césarien, les Rébellions reflètent assez éloquemment les préoccupations morales de la jeunesse d'alors. La note dominante qu'on y trouve n'est autre que cette inquiète mélancolie d'une âme à la recherche d'un idéal meilleur vers lequel elle soupire, et qu'elle désespère d'atteindre, l'impérieux besoin d'indépendance, les tristesses du temps présent. » (Le Bien public, mercredi 4 octobre 1876, article de Camille Guymon).
Le volume passa presque inaperçu... la philosophie est-elle objet de poésie ?

1871 - Théâtre - Il Ridotto (« le Réduit »)

Pièce inédite et jamais jouée.

Après les événements dramatiques de la guerre contre l’Allemagne puis de la Commune de Paris, Jean Aicard ne retrouva la Capitale que dans la seconde quinzaine du mois de novembre 1871. Il travaillait alors pour le théâtre : « Je me suis mis au travail ce matin. Les théâtres manquent de pièces et je me hâte d’écrire en vers mon acte en prose il Ridotto, pour le français — je vais m’y mettre d’arrache-pied. » (extrait d’une lettre autographe à Amédée André.) Mais les papiers de l’écrivain n’en contiennent aucune trace.

1872 - Poésie - Vision. Le jugement dernier

Manuscrit autographe, archives municipales de Toulon, Fonds Jean Aicard, carton 1 S 37, dossier « Manuscrits XVII ».

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Au début de l'année 1872, Jean Aicard acheva un long poème, très différent de ce qu'il avait fait jusque là, daté « Paris janvier 1872 ». Au bas de ce poème, l'auteur a rajouté cette mention : « J'ai lu ces vers à Sully Prudhomme en 1872. M. André était avec moi. Sully me dit : “Si j'avais fait ces vers, je me reposerais pendant un an.” Pourquoi en fut-il si frappé ? — il envoya aussitôt, tout spontanément, ces vers à la Revue des Deux Mondes qui refusa disant : “Donnez-nous quelque chose de moins apocalyptique”. »
Cette vision, effectivement très apocalyptique, au souffle épique, marque la volonté de l'auteur d'aborder un registre nouveau, celui de la poésie philosophique et même métaphysique, bien au-delà de ce qu'il avait pratiqué jusqu'à ce jour : poésie introspective, célébration de la Nature, combat social et politique… On peut voir, dans ces nouvelles œuvres, une forte influence hugolienne : le Maître était revenu de son exil, Jean Aicard pouvait le voir, s'entretenir avec lui… et se laisser gagner par sa pensée.

1872 - Poésie - Le Fleuve de sang

Ce poème inédit, simplement daté « 1872 », n'est connu que par deux manuscrits de l'auteur (archives municipales de Toulon, Fonds Jean Aicard) :
— dans le carton 1 S 34, une version qui porte le numéro 2, formée par reprise de la première version, découpée et reconstituée par des collages, avec des suppressions et des rajouts intercalés ; il y a une lacune de vingt-trois vers ;
— dans le carton 1 S 39, une très belle mise au net de cette seconde version, mais à laquelle plusieurs pages ont été coupées et manquent !

Une publication avait été envisagée car le premier manuscrit contient des directives pour le typographe : Le Toulonnais (38e année, 2e série, n° 813, dimanche 8 décembre 1872), par exemple, évoque une publication prochaine dans la Renaissance littéraire et artistique... jamais effectuée !

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Ce poème appartient au même genre littéraire que Vision mais est encore plus important par sa longueur. Il met en scène le Progrès et le Poète affrontés au Mal sous toutes ses formes et invite à sonder le mystère fondamental.
Dans une lettre non datée mais datable d'avril 1872, adressée à Amédée André (archives municipales de Toulon, Fonds Jean Aicard, carton 1 S 18, dossier « Correspondance à Jean Aicard concernant son poste de directeur-gérant de La Renaissance en 1872 »), Jean Aicard lui écrit : « je voudrais finir mon poème du Sang ».
Et dans sa lettre du 30 octobre 1872, François Dol écrit : « Vous devez travailler à votre Fleuve de sang, à vos poèmes de Provence. »
La pièce a probablement été achevée à la fin de l'année.

1872 - Théâtre - Les Épreuves amoureuses

Inédit.

Dans une lettre à Amédée André, datable avril-mai 1872, Jean Aicard écrit : « je voudrais achever ma Comédie : Les Épreuves amoureuses dont un tiers est fait. »

1873 - Théâtre - Mascarille

Paris, Alphonse Lemerre, fin janvier 1873, in-16, 16 pages.
Aicard (Jean), Théâtre (1911), volume II, pages 71-80.
Aicardiana, 2e série, n° 28, 15 octobre 2019, pages 233-237.

Pour l'anniversaire de la naissance de Molière, la Comédie-Française produisit, le 15 janvier 1873, une œuvre de circonstance en vers de Jean Aicard.
Le jeune écrivain avait écrit un court monologue, délicieux d'invention et d'écriture, qui fut dit par Coquelin aîné. Cet à-propos séduisit tant le public qu'il fut repris par le même théâtre pour la fête du 15 janvier 1874.
Il met en scène le valet Mascarille qui arrive tout essoufflé de l'Olympe et raconte que Jupiter a fait jouer l'Amphitryon de Molière par les dieux eux-mêmes interprétant leur propre rôle.

1873 - Poésie - Pierre Puget

Bulletin de la Société académique du Var, nouvelle série, tome VI, 1873, pages 45-55.
Toulon, imprimerie de L. Laurent, 1873, in-8°, 16 pages.
Aicardiana, n° 3, août 2013, pages 93-104.

ATTENTION : le poème Pierre Puget publié dans l'édition de 1909 des Poèmes de Provence est extrêmement tronqué !

En ligne : Gallica (BnF)

En 1873, Jean Aicard remporta la médaille d'or du prix de poésie française de la Société académique du Var pour un long poème de deux cent quatre-vingt-six vers à la gloire de l'artiste provençal Pierre Puget. La municipalité toulonnaise organisa, au Grand-Théâtre de la ville, le dimanche 8 juin 1873, une soirée artistique et musicale : Jean, fraîchement revenu de Paris, vint y recevoir sa médaille et réciter son poème.

1873 - Poésie - Poèmes de Provence

Paris, Alphonse Lemerre éditeur, décembre 1873, in-8°, 182 pages. La première édition ayant été enlevée en quelques jours, Lemerre procéda à un second tirage en janvier 1874.

2/ Paris, Alphonse Lemerre éditeur, 1874, in-18, 198 pages ; édition augmentée d'un poème de Sully-Prudhomme.
3/ augmentée, Paris, Georges Charpentier, 1878, in-18, iii-248 pages., « édition définitive ».
Nouvelle édition, Paris, Ernest Flammarion, 1909, 256 pages.
Raphèle-lès-Arles, Marcel Petit CPM, 1995, in-8°, 157 pages (facsimilé de la troisième édition).
Toulon, Géhess, 2008, in-8°, 235 pages.

Les archives toulonnaises ne contiennent pas d'ébauches ou de brouillons… ni aucun recueil préparatoire… ni aucun courrier ! Le volume, composé d'un seul jet, est donc le fruit du travail de notre poète au cours de l'année 1873.

Dans ce livre, Jean Aicard se fait essentiellement descriptif ; il cisèle de jolis vers dans un esprit tout à fait parnassien. Le poète, exilé à Paris, chante avec passion sa terre natale, chaude et lumineuse, dans une nouvelle inspiration poétique aux accents virgiliens.
Le poète ouvre son œuvre par le prologue « À la France » dans lequel il précise que son but n'est pas de chanter « La petite patrie aux dépens de la grande ».
Son livre est un hymne à la gloire de la Provence et des Provençaux dont il célèbre :
— les traditions : la Noël, la Saint-Éloi, les tambourinaires, les mayes, la ferrade, la conduite des troupeaux, la bouillabaisse ;
— les travaux des champs : la cueillette des olives, la vendange, l'élevage des vers à soie, la moisson et le battage ;
— la nature : les cyprès, le mistral, les pins, la ruche, les canisses, les roseaux, le blé, les immortelles ;
— les villes : Arles, Avignon, Marseille, Nice, Toulon ;
— les coins typiques : le cimetière, la route, le puits, les seuils des maisons où l'on se repose le soir ;
— mais aussi le Rhône, le massif de la Sainte-Baume, la mer et les bateaux, les nuits calmes et fraîches…
Et l'ouvrage s'achève sur vingt-neuf poèmes miniatures à la gloire de la cigale, composés par l'auteur ou imités de l'Antiquité.

Dans ce nouveau recueil, l'auteur quitte le registre de la poésie personnelle et introspective des Jeunes Croyances ou de la poésie philosophique esquissée dans Les Rébellions et les Apaisements. En chantant sa province natale, il développe une thématique originale : il présente une Provence diversifiée, mettant en scène aussi bien ses villes que ses paysages, ses prolétaires que ses paysans, ses traditions et sa vie quotidienne. Ce faisant, il introduit en poésie le thème du pays natal. Et le choix de la langue française pour chanter la Provence – choix regretté par certains félibres conservateurs ! – a permis la diffusion de cette littérature nouvelle à l'échelon national et a marqué combien la « petite patrie », même célébrée dans sa spécificité, restait un élément indissociable de la « grande Patrie », en ces années où la France venait de perdre l'Alsace et la Lorraine.
L'ouvrage connut d'emblée le plus grand succès par sa poésie fraîche et spontanée, agréable et coulante, lumineuse et colorée, mettant en scène la Provence méditerranéenne encore tout imprégnée de la marque de ses colonisateurs grecs et romains. La presse fut unanime à saluer cette nouvelle œuvre d'un jeune talent déjà reconnu fécond et inspiré. Et l'Académie française, dans sa séance du jeudi 13 août 1874, accorda volontiers un prix Monthyon.

1874 - Théâtre - Le Baiser de la reine

Inédit.

Aicardiana, 2e série, n° 28, 15 octobre 2019, pages 239-292.

Comédie en un acte et en vers, composée de dix-neuf scènes, déposée à la Comédie-Française et admise à la lecture dans la séance du 14 avril 1874.

La pièce n'est connue que par un manuscrit (archives municipales de Toulon, Fonds Jean Aicard, carton 1 S 19 : n° 13 et 14 : ébauches ; n° 12 : très belle mise au net, 68 pages, sans aucune correction).
L'histoire se passe au Portugal, au XVIe siècle.

1874 - Théâtre - Pris au piège (ou Le Blocus)

Inédit.

Aicardiana, 2e série, n° 28, 15 octobre 2019, pages 293-314. Publié d'après le manuscrit des archives municipales de Toulon, Fonds Jean Aicard, carton 1 S 19, pièces 5 et 6, belle mise au net autographe, sans corrections, un cahier de 23 pages, datée à la fin « La Garde 21 Octobre 1874 ».

Pris au piège est un petit acte en prose évoquant le badinage amoureux de deux amis d’enfance qui se retrouvent après quelques années de séparation.

À cette étape de sa vie, Jean Aicard avait bien abordé le théâtre : piécettes en un acte ou à-propos de circonstance lui avaient permis d'entrer dans le monde théâtral dont la consécration était alors obligatoire pour tout écrivain voulant accéder à quelque notoriété. Mais il était encore loin d'avoir imposé une œuvre théâtrale de quelque importance : il est vrai que le choix des sujets et le parti pris d'une écriture totalement versifiée éloignaient le jeune auteur des attentes du public et décourageaient les directeurs soucieux de la pérennité de leurs entreprises !

1874 - Essai - La Vénus de Milo : recherches sur l'histoire de la découverte d'après des documents inédits

Paris, Sandoz et Fischbacher, début juin 1874, in-18, 235 pages.

En ligne : Gallica (BnF)

Le 8 avril 1820, sur l'île de Milo, en mer Égée, Yorgos Kentrotas extrayait des pierres du sol afin de construire un mur autour de son champ : soudain le sol s'effondra et une galerie souterraine lui apparut, abritant une statue ainsi que divers fragments. Le hasard fit qu'un élève-officier de la Marine française, Olivier Voutier, se trouvât sur les lieux. Passionné d'archéologie, il comprit l'importance de cette découverte, prévint au plus vite Louis Brest notre vice-consul à Milos et le pressa d'inviter l'État français à acheter la statue.
Lorsque l'envoyé français, le comte de Marcellus arriva sur l'île, l'équipage d'un navire en partance pour Constantinople s'apprêtait à embarquer la statue : le paysan grec, qui ne voyait pas revenir les Français, avait, en effet vendu sa trouvaille au moine Oiconomos qui voulait en faire présent à un haut dignitaire turc.
Revendiquant l'antériorité et aux termes de tractations laborieuses, Marcellus parvint à acheter la statue. Le marquis de Rivière l'offrit au roi le 1er mars 1821 : Louis XVIII en fit don au musée du Louvre.
Telle était, du moins, la version généralement admise. Mais Jean Aicard la contesta en s'appuyant 1° sur la Relation d'une expédition hydrographique dans le levant de la mer Noire, de la gabarre de S.M., la Chevrette, commandée par M. Gauthier, capitaine de vaisseau, dans l'année 1820, manuscrit de Dumont d'Urville partiellement publié par les Annales maritimes en 1821 et dont il avait l'original en mains ; 2° sur les dires et un écrit du capitaine de vaisseau en retraite Matterer, alors lieutenant à bord de La Chevrette. Ce digne officier assura au jeune écrivain que Dumont d'Urville et lui avaient vu, en 1820, la statue avec son bras gauche levé et tenant une pomme ; raison pour laquelle Dumont d'Urville y avait vu une Venus victrix.
Jean Aicard exposa longuement ses arguments dans le feuilleton du journal Le Temps (numéros 4742 du 9 avril 1874, 4743 du 10 avril et 4744 du 11 avril). Dans cette nouvelle version, la statue avait son bras gauche mais celui-ci fut brisé pendant le combat nécessaire aux marins français pour la dérober aux marins grecs… péripétie qu'il fallait dissimuler afin d'éviter l'incident diplomatique !
Jean essaya de relancer l'affaire de la Vénus (Le Temps, mi-janvier 1875 ; Bulletin bibliographique, samedi 6 février 1875 ; La Revue positive, tome XIV, 7e année, janvier-juin 1875, pages 158-160 ; L'Opinion nationale, mardi 13 et mardi 20 juillet 1875), non seulement quant aux bras – du moins le bras gauche et sa pomme, – mais aussi quant à la conception de l'œuvre : il soutenait que la Vénus était une statue isolée alors que des archéologues la supposaient appartenir à un groupe la représentant avec le dieu Mars.
En fait, ce débat, malgré l'engagement ardent et courageux du jeune écrivain à faire éclater ce qu'il croyait être la vérité à propos de cette œuvre d'art, n'intéressa personne : la version officielle conserva son autorité !

1875 - Récit de voyage - Le IVe Centenaire de Michel-Ange

Récit contenant deux poèmes inédits spécialement composés pour l'occasion : « Sur le Jour et la Nuit de Michel-Ange » et « La colère de Michel-Ange ».

Académie du Var, dossier individuel de Jean Aicard, manuscrit autographe partiellement composé de coupures de presse (française et italienne), septembre 1875, 18 feuillets.
Aicardiana, n° 3, août 2013, pages 115-134.

Les archives de l'académie du Var conservent, dans le dossier individuel de Jean Aicard, le compte rendu d'un voyage à Florence en septembre 1875, à l'occasion du quatrième centenaire de la naissance de Michel-Ange (1475-1564) : le jeune poète s'y était rendu comme représentant L'Opinion nationale et en tant qu'envoyé de la Société académique du Var.
L'essentiel de ce compte rendu est consacré à la chronique des manifestations organisées par le comité du quatrième centenaire : réceptions, conférences, cocktails, banquets, pyrotechnies, inauguration du monument à Michel-Ange au sommet de San Miniato, inauguration d'une exposition d'œuvres de sculpteur, visite des maisons de Michel-Ange et de Dante, pèlerinage au tombeau de Michel-Ange, excursion aux fouilles archéologiques de Fiesole puis au château de Vincigliata...
Mais le plus grand intérêt de ce compte rendu réside dans les deux poèmes que Jean Aicard emporta à Florence et qui avaient manifestement été composés pour l'occasion.

1875 - Poésie - La Chanson de l'enfant

Paris, Sandoz et Fischbacher, fin décembre 1875, in- 12, 274 pages.
2/ Paris, Sandoz et Fischbacher, 1876, in-12, 240 pages.
3/ Paris, Sandoz et Fischbacher, 1876, in-18 soleil. Déjà épuisée en août 1876 (Le Siècle, mercredi 9 août 1876).
4/ Paris, Sandoz et Fischbacher, 1878.
5/ revue et augmentée, Paris, Guillaume Fischbacher, mars 1881, in-12.
Paris, Georges Chamerot imprimeur-libraire, décembre 1883, in-8° grand jésus, 268 pages ; nouvelle édition ornée de 128 compositions par T. Lobrichon et E. Rudaux. - Second tirage en décembre 1884.
8/ Paris, Guillaume Fischbacher, [1885], in-12.
Paris, Ernest Flammarion, octobre 1898. Nouvelle édition en 1909, augmentée de quelques poèmes.

En ligne : Gallica (BnF)

Ouvrage en deux parties :
— première partie, « Aux mères » : Les Berceaux (17 poèmes) et Figures d'enfants (14 poèmes).
— seconde partie, « Aux enfants » : Impressions d'enfants, souvenirs (11 poèmes), La Légende enfantine (9 poèmes), Aux enfants de France (1 poème).

Dans les différentes parties de ce recueil, Jean Aicard se montre un véritable psychologue de l'enfance : « Jean Aicard a étudié l'enfance ; il en peint toutes les mutineries, toutes les délicatesses, toutes les douceurs et toutes les vaillances. Il sait aussi les joies et les déchirements du cœur de la mère ; il nous la montre dès l'aurore de la maternité ; il la suit pas à pas dans ses douleurs, sa tendresse, ses rêves pleins d'éclat et les navrances de l'abandon. » (Journal de Monaco, 1er février 1876). Dans cet hymne à la gloire de la famille, il idéalise les sentiments qui unissent grands-parents, parents et enfants.

1878 - Théâtre - Les Adieux de Bressant

Aicard (Jean), Théâtre (1911), volume II, pages 157-162.

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Cet à-propos en vers fut composé pour la représentation d'adieux de Prosper Bressant et dit par Constant Coquelin le 27 février 1878.
Né en 1815, Prosper Bressant fut nommé 276e sociétaire de la Comédie-Française en 1854.
L'acteur n'ayant pu être présent en raison de ses problèmes de santé, Jean Aicard imagina le discours qu'il aurait pu faire à son public.

1878 - Théâtre - À Corneille

Aicard (Jean), Théâtre (1911), volume II, pages 163-166.

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Stances dites par l'acteur Maubant, le 6 juin 1878 à l'occasion de l'anniversaire de Pierre Corneille à la Comédie-Française.
Ce très court à-propos célèbre simplement le grand tragédien.

1879 - Théâtre - Prologue

Le Figaro, 25e année, n° 26, dimanche 26 janvier 1879, page 1.
Aicardiana, 2e série, n° 17, 15 juin 2016, pages 64-67.

Prologue dit par Sarah Bernhardt lors de la soirée d'inauguration du nouveau théâtre de Monte-Carlo le samedi 25 janvier 1879.

1879 - Poésie - Le Petit Peuple

Marseille, imprimerie de Cayer, 1879, in-4°, 6 pages.

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Strophes lues par l'auteur au cours du concert annuel de la Société protectrice de l'enfance, au Théâtre du Gymnase, à Marseille, le 25 mars 1879.
L'enfant y est célébré comme l'avenir de l'homme et son espérance, mais aussi comme la première victime de la misère.

1879 - Poésie et prose - Visite en Hollande

1/ Paris, Sandoz et Fischbacher, février 1879, in-12, 142 pages.
2/ Paris, Sandoz et Fischbacher, fin avril 1879, in-12, 142 pages.

Aicardiana, 2e série, n° 32, 31 décembre 2020, pages 35-129.

« Le joli volume que j'ai sous les yeux contient de la prose et des vers : un spirituel récit de voyage en Hollande et une vingtaine de poésies inspirées par la nature du Nord et dédiées à des admirateurs de Leyde ou de Rotterdam. Il est assez malaisé de rien dire de neuf sur ces vieilles cités des Pays-Bas, que tout le monde a visitées et que tant d'écrivains de talent ont décrites. M. Aicard a su glaner, après tous les autres, une jolie petite gerbe, très poétiquement disposée et d'autant plus attrayante que c'est un homme du Midi qui a groupé ces fleurettes des polders. La mer du Nord et la froide Hollande décrites par un poète qui a dans les yeux le rayonnement du soleil de la Provence, le contraste est piquant. Le récit de M. Aicard est plein de charme. Ne lui demandez pas la précision d'un Bœdecker : il n'y aspire point. Mais cherchez-y la couleur vraie, la note juste et vive ; vous les y trouverez partout. Je ne parlerai pas des vers : ces choses-là ne s'analysent point. M. Aicard est un maître qui sent la nature et qui sait rendre en un magnifique langage ce qu'il a ressenti. » (Bibliothèque universelle et Revue suisse, LXXXIVe année, 3e période, tome III, 1879, page 191).

1879 - Théâtre - L'Avocat de Venise

Inédit.

Comédie en un acte et en vers, annoncée une première fois en 1879 : « De plus il met la dernière main à une comédie en un acte, en vers, que Mlle Sarah Bernhardt lui a demandée pour les soirées et les concerts particuliers auxquels elle prendra part. Cette comédie, intitulée : l'Avocat de Venise, sera jouée par l'éminente tragédienne et par M. Febvre. » (La Presse, n° 129, vendredi 9 mai 1879).

La pièce est réapparue en 1887 : Le Petit Var (samedi 29 janvier 1887) annonce le retour de Coquelin à Toulon en février 1887 pour y jouer L'Avocat de Venise : les archives municipales de Toulon, Fonds Jean Aicard, carton 1 S 34, contiennent en effet cet acte en vers, daté « Saint-Raphaël Xbre 1886 ».

1879 - Théâtre - Molière à Shakespeare. Prologue en vers with a literal translation. La Comédie-Française à Londres

La pièce parut d'abord en français dans deux journaux britanniques publiés à Londres :

— Le Courrier de Londres, journal quotidien, n° 25, mercredi 4 juin 1879, pages 1-2.
— Le Courrier de l'Europe. Écho du continent, 40e année, n° 2048, du samedi 7 juin 1879, pages 367 et 368.
Publiée la même année à Paris dans une version bilingue : Paris, imprimerie de Damase Jouaust, 1879, in-8°, 20 pages.
Aicard (Jean), Théâtre (1911), volume I, pages 1-15, version bilingue.
Aicardiana, 2e série, n° 19, 15 décembre 2016, pages 131-132 et 141-150.

Prologue en vers récité par M. Got le lundi 2 juin 1879, au Gaiety-Theater à Londres, pour l'inauguration des représentations de la Comédie-Française.

Dans ce poème, l'auteur fait valoir le génie propre de chacun de ces deux immenses écrivains.

1879 - Théâtre - William Davenant

Les Annales, 29 mai 1910, in-folio, pages 532-538.
Aicard (Jean), Théâtre (1911), volume I, pages 17-76.
Aicardiana, 2e série, n° 19, 15 décembre 2016, pages 133-137 et 153-216.

L'activité de la Comédie-Française fut quelque peu perturbée, en mai et juin 1879, par l'agonie et le décès de Mme Perrin l'épouse du directeur, et par les préparatifs et le voyage de la troupe à Londres. Aussi n'est-ce qu'à la mi-juin, alors que les acteurs avaient déjà commencé leurs représentations londonniennes, que le comité de lecture se réunit et accepta à l'unanimité la pièce de Jean Aicard, d'autant plus que celle-ci paraissait pouvoir fournir une belle soirée d'adieux, avec le rôle principal interprété par Sarah Bernhardt : mais l'actrice avait d'autres activités plus lucratives et se brouilla avec la troupe au point d'en démissionner !

Le rôle éponyme fut finalement confié à une autre artiste de la troupe, Mlle Adeline Dudlay, et la création eut lieu le samedi 12 juillet : la tournée de la troupe française à Londres s'acheva ainsi sur un triomphe mémorable.

Cette comédie en un acte et en vers développe, en quatorze scènes, une légende populaire en Angleterre qui veut que William Davenant, célèbre poète et dramaturge anglais, ait été le fils naturel de Shakespeare : John D'Avenant et son épouse Jane étaient tenanciers de la Crown Tavern où William Shakespeare avait ses habitudes lors de ses déplacements entre Londres et Stratford-upon-Avon. Le célèbre écrivain fut même le parrain du fils de ses aubergistes, qui reçut donc le prénom de William. Aussi la rumeur fut-elle vite propagée que le jeune garçon était le fils biologique du grand dramaturge !
Dans la pièce, avant de mourir, Jane a tout révélé à son mari de sa liaison avec Shakespeare ; mais Davenant a pardonné et gardé l'enfant auquel il s'était attaché : "Le pardon vient tout seul quand la peine est si grande... Par de grandes douleurs je suis resté son père".
La pièce fut reprise, à la fin avril 1882, sur la scène parisienne. William Davenant donnera, quelques années plus tard, à Jean Aicard, l'idée de son Père Lebonnard.

1880 - Poésie - Miette et Noré

1/ Paris, Georges Charpentier, fin février 1880, in-18, 408 pages.
3/ augmentée d'une préface et d'un épilogue, Paris, Georges Charpentier, avril 1880, in-18, xxxii-412 pages.
Paris, imprimerie E. Capiomont et V. Renault, 1880, in-8°, xxxii-413 pages.
6/ Paris, Paul Ollendorff, avril 1885, in-18, xxii-413 pages.
Nouvelle édition, Paris, Ernest Flammarion, 1898, xxix-323 pages.

En ligne : Gallica (BnF) 1re édition

En ligne : Gallica (BnF) 3e édition

Roman en vers, épopée qui, sous le prétexte d'une histoire sentimentale, célèbre la Provence : le choix des paysages, l'originalité des types populaires et la justesse de ces sentiments font valoir les différents aspects de la vie et de la société méridionales. Miette et Noré est une peinture exacte, dans un langage simple, de scènes de la vie réelle, de la vie du peuple de Provence.
Dans ce poème provençal, l'auteur a voulu exprimer son pays, traduire le génie local, des idiomes, des paysages, des habitants « au profit de la littérature française ». Il s'est servi, non sans quelques provençalismes, de la langue française, symbole et instrument de l'unité politique.
Miette, fille d'un ivrogne endurci, est pauvre. Noré est riche car son père, Jacques-André, est un travailleur infatigable. Il rêve pour son héritier une belle union bien assortie et veut lui faire épouser Norine. Mais un jour, Noré abuse de la faiblesse de Miette. Elle fait en vain un pèlerinage aux Saintes-Maries de la mer... mais la faute a porté son fruit.
Noré voudrait alors revenir vers Norine. C'est compter sans son père qui, en présence du malheur de Miette et de la faute de son fils, oublie les intérêts matériels et laisse parler sa vieille conscience.
Cette intrigue pastorale est prétexte à décrire les grands spectacles de la vie champêtre, à dessiner des scènes gracieuses et pittoresques. Les descriptions sont superbes, les scènes idylliques ont un charme délicieux.
Jean Aicard avait très habilement suscité l'intérêt de ses futurs lecteurs par des lectures publiques - en France, à l'étranger et enfin dans les salons parisiens de Juliette Adam - de passages de l'œuvre, si bien que la première et la seconde édition furent enlevées en quelques jours !

1880 - Théâtre - L'Amour gelé

Aicard (Jean), Théâtre (1911), volume II, pages 119-155.

Cette comédie en un acte et en prose fut jouée, fin mars 1882, au théâtre des Nations, au cours d'une grande matinée dramatique et lyrique organisée au bénéfice de l'œuvre de l'Orphelinat maçonnique universel (Le Gaulois, n° 915, jeudi 16 mars 1882, et La Presse, n° 76, samedi 18 mars 1882). L'édition de 1911 mentionne une création sur le théâtre de de la Porte-Saint-Martin, dans une matinée de gala de la jeunesse française, en 1880.
Elle fut refusée par le comité de lecture de la Comédie-Française en août 1885.
Variations sur le thème éternel du mari, de la femme et de l'amant : sachant que Madame va recevoir le petit vicomte, Monsieur sort... puis revient ! Le petit vicomte est obligé de fuir sur le balcon, alors qu'il gèle ! Et Monsieur se complaît dans des propos badins tandis que l'amant manque de mourir de froid !

1881 - Théâtre - L'Épreuve galante

Inédit.

Comédie en un acte et en vers, créée à Marseille le dimanche 23 janvier 1881 : « Hier, chez la belle et toute charmante Mme Louis Arnavon, une des reines de la haute société marseillaise, représentation de l'Épreuve galante, comédie inédite en un acte et en vers de Jean Aicard. Grand succès pour la pièce […]. » (Le Gaulois, n° 499, lundi 24 janvier 1881).

1881 - Théâtre - Le Balcon

Inédit.

Comédie en un acte créée au théâtre de la Porte-Saint-Martin le dimanche 10 avril 1881.
« L'Union française de la Jeunesse organise une représentation qui aura lieu le dimanche 10 avril, à une heure et demie, au théâtre de la Porte-Saint-Martin. Voici une partie du programme de cette belle matinée : L'Eté de la Saint-Martin, joué par Mmes Jouassin, Barretta et MM. Thirion et Prudhon. — Première représentation, le Balcon, comédie en un acte, de M. Jean Aicard, joué par Mlle Persoons et MM. Prudhon, Truffier et Samary. […]. » (La Presse, n° 95, mercredi 6 avril 1881).

1882 - Théâtre - Othello, le More de Venise

1/ Paris, Georges Charpentier, début 1882, in-18, xxii-183 pages.
2/ Paris, Ernest Flammarion, début mars 1899, in-8°, xxxii-200 pages.
3/ Aicard (Jean), Théâtre (1911), volume I, pages 77-344 (aux pages 79-80 : dédicace à Mounet-Sully, vers écrits en 1897 ; pages 90-104 : préface écrite en 1881 ; pages 105-130 : notes écrites en 1899 ; pages 131-344 : drame en vers en cinq actes et huit tableaux). Note pour cette édition : "Certaines scènes ont été abrégées. D'autres, qu'on avait cru devoir écarter, ont été reprises à Shakespeare. Toutes ont été revues et corrigées d'après le texte anglais. C'est ici, à proprement parler, un ouvrage nouveau."

Jean Aicard avait achevé sa traduction de l'Othello de Shakespeare au début de l'année 1878. Un fragment en fut joué le 28 février 1878 lors de la représentation d'adieu de Bressant, par Sarah Bernhardt et Mounet-Sully.
Malgré une première publication en 1882, l'œuvre fut oubliée dans les archives de la Comédie-Française… Elle en ressortit à diverses reprises, mais sans davantage de succès…
Il fallut attendre le 27 février 1899 pour que la pièce – à laquelle l'auteur avait, entre temps, apporté d'importantes modifications – fût présentée au public, par la Comédie-Française, dans une version considérablement remaniée, sous la forme d'un drame en cinq actes et en vers. Acteurs : Jean Mounet-Sully (Othello), Hamel (Montano), Louise Lara (Desdémone), Georges Baillet (Cassio), Paul Mounet (Iago), Marguerite Moreno (Bianca).

1883 - Poésie - Puget à Rome

La Vie provençale, 1re année, n° 15, dimanche 20 mai 1883, page 1, colonne 1.
Aicardiana, 2e série, n° 18, 15 septembre 2016, pages 37-39.

En 1883, Jean Aicard mit en scène Pierre Puget, l’artiste provençal parti poursuivre son instruction à Rome, partagé entre sa patrie et l’Italie.

1883 - Poésie - Lamartine

Paris, Institut de France, 1883, in-16, 12 pages.
Paris, Paul Ollendorff, 1883, in-16, 12 pages.
Aicardiana, n° 4, septembre 2013, pages 21-30.

Un prix littéraire sur le sujet « Lamartine » avait été proposé en 1881, mais aucune des pièces envoyées ne mérita une distinction.
Pour son prix de poésie de l'année 1883, l'Académie française renouvela l'expérience : c'est la pièce de Jean Aicard qui fut retenue le mardi 13 février et reçut le premier prix, d'une valeur de 4000 francs.

Privilège très inhabituel, l'auteur fut invité à lire lui-même son poème dans la séance publique annuelle de l'Académie française, le jeudi 15 novembre 1883.

1883 - Théâtre - La Comédie-Française à Alexandre Dumas

Paris, Paul Ollendorff, 1883, in-8°,16 pages.
Aicard (Jean), Théâtre (1911), volume II, pages 167-172.

En ligne sur ce site

À-propos en vers dit à la Comédie-Française, avant la représentation de Mademoiselle de Belle Isle, par M. Delaunay, le 4 novembre 1883, le jour de l'inauguration de la statue d'Alexandre Dumas père sur la place Malesherbes.

1884 - Théâtre - Similis

Paris, Paul Ollendorff, février 1884, in-8°, 89 pages.
Aicard (Jean), Théâtre (1911), volume II, pages 173-313.

Le comité de lecture de la Comédie-Française reçut la pièce à l'unanimité le 1er février 1883. Mais la troupe avait plusieurs pièces en attente, déjà annoncées et programmées, et les répétitions de Smilis ne purent débuter qu'à la fin du mois de novembre. La première eut lieu le mercredi 23 janvier 1884. Accueillie avec faveur par le public des premières soirées, la pièce fut victime d'une cabale et retirée après dix représentations, malgré ses excellents interprètes (Gustave Worms, Georges Richard ; Edmond Got, Martin ; Laroche, commandant Richard).
Ce drame en quatre actes et en prose met en scène l'amiral Kerguen qui, au cours d'un voyage sur les côtes de Grèce, a recueilli Smilis, une jeune orpheline et l'a ramenée en France... où il apprend le décès de son épouse. L'amiral élève la fillette, qu'il finit par aimer. Il s'abuse tout d'abord sur la portée de cette affection qu'il croit paternelle, mais le vieux commandant Richard lui ouvre les yeux. Malgré cela, il épouse la jeune fille... pour découvrir que celle-ci ne voit toujours en lui qu'un père et non un époux ! Afin de sortir de cette situation inattendue, l'officier choisit de se suicider pour affranchir d'un amour impossible sa protégée qui commence à ressentir une inclination pour le séduisant Georges.
La musique de la chanson du troisième acte et de la berceuse du quatrième est due à M. Henri Maréchal.

1884 - Discours - Les Cariatides de Puget

Toulon, imprimerie du Var, 1884, in-16, 16 pages.

En octobre 1884, la municipalité toulonnaise eut l'idée de desceller les célèbres Atlantes de Puget qui ornent la porte d'entrée de la mairie et de les transporter au musée de la ville afin de les protéger des intempéries... Aussitôt une contre-réaction se produisit, à laquelle Jean Aicard prit part en publiant divers articles dans la presse locale.

1885 - Poésie - Le Dieu dans l'homme

1/ Paris, Paul Ollendorff éditeur, début 1885, in-12, 299 pages.
2/ Paris, Paul Ollendorff, juin 1885, in-18, 305 pages, enrichie d'une « Invocation à Victor Hugo » datée du 28 mai 1885.
Paris, Ernest Flammarion, 1893.

Dans ce nouvel essai de poésie philosophie, l'auteur recherche les « éléments divins » qui apparaissent en chaque homme à l'occasion de ses conduites les plus nobles.

1885 - Poésie - L'Éternel Cantique

Paris, Guillaume Fischbacher, 1885, in-8°, 50 pages.

Paraphrasant très librement le livre du Cantique des Cantiques, le poète transforme le chant biblique d'amour en cantique de l'Amour.

1886 - Poésie - Le Livre des petits

Paris, Charles Delagrave, fin 1886, grand in-8°, 168 pages.
2/ illustrée de cinquante-six compositions de Jean Geoffroy, Paris, Charles Delagrave, janvier 1887, in-8°, iv-176 pages.

Essentiellement destiné aux enfants de l'école primaire, ce recueil contient des petites fables, des comédies plus dramatiques, des contes de fées, mais aussi de petits poèmes où la morale laïque est enseignée : l'enfant apprend à respecter le travail, la famille et la patrie ; il apprend qu'il n'y a pas de sots métiers et que chacun a une tâche à remplir.
« Le Livre des Petits (1887) est un livre d'éducation, un livre scolaire… Et parmi les livres bons à mettre aux mains des enfants, je n'en sais pas de meilleur que celui de ce poète qui, simple sans titre puéril, doux sans être fade, tendre en restant mâle, interrompt, pour parler aux adolescents, les drames qu'il porte en sa tête et les œuvres qu'il va faire applaudir par la foule. » (Jules Claretie, Revue pédagogique, 15 nov. 1887).

1887 - Poésie - Le Livre d'heures de l'amour

Paris, Alphonse Lemerre, mars 1887.
2/ Paris, Alphonse Lemerre, 1887, in-8°, 298 pages.
Paris, Ernest Flammarion, 1893.
Nouvelle édition, Paris, Ernest Flammarion, 1909, in-16, 320 pages.

En ligne : Gallica (BnF)

Ces poèmes souvent légers, voire même délicieusement coquins, restent délicats. Fuyant les choses ignobles, le poète est à la recherche d'un amour rêveur et idéaliste ; il s'éprend des étoiles…

1887 - Essai - Leconte de Lisle

Paris, librairie Fischbacher, 1887, in-12, 24 pages.
Aicardiana, 2e série, n° 38, 15 août 2022, pages 207-220.

1888 - Poésie - Au bord du désert

Paris, Paul Ollendorff, juin 1888, in- 18, 262 pages.

Jean Aicard se rendit en Algérie et Tunisie en avril-mai 1887, pour participer, à Alger, au congrès des instituteurs présidé par le ministre de l'Instruction publique, M. Berthelot : il en profita pour rencontrer un peuple qu'il ne connaissait pas et découvrir sa vie. Dans ce recueil, il célèbre l'âme arabe ; il fait valoir sa morale, sa conception de la vie, ses aspirations.
L'ouvrage est formé de plusieurs parties : l'Âme arabe... Impressions, Souvenirs, Légendes arabes, la Pétition de l'Arabe.
« Bien qu'il fût de la race des vainqueurs, il est allé là-bas en poète, non en conquérant. Il regarde autour de lui, il voit cette pauvre race vaincue, abaissée, dégradée par la corruption européenne, qui se greffe à merveille sur les vices africains, et il compatit à ses peines ; il se prend d'amour pour elle, il cherche l'âme de cet esclave et après l'avoir trouvée, il lui sait gré d'en avoir une. L'âme de l'Arabe ! c'est sa découverte, c'est sa joie ; il la proclame dans son livre, la raconte dans sa préface qui, contrairement à l'usage des préfaces, est presque aussi amusante et aussi poétique que ses vers. » (Journal de Genève, samedi 18 août 1888).

1888 - Théâtre - Rita

Inédit.

Le 22 août 1888, Jean Aicard écrivit au directeur Antoine, qui lui demandait une pièce pour son Théâtre-Libre : « Je vous envoie donc un drame en cinq actes, en prose, intitulé Rita ».

Il s'agit d'une pièce en cinq actes (archives municipales de Toulon, Fonds Jean Aicard, carton 1 S 19, n° 17-23), qui paraît avoir été jouée sur le Théâtre-Libre d'Antoine en septembre 1888.

1889 - Théâtre - Le Père Lebonnard

Paris, Édouard Dentu, 1889, in-8°, 145 pages.
La Revue du palais, 1er juillet 1898, in-8°, pages 477-491, 31-109.
Paris, Ernest Flammarion, sd [août 1904], in-12, 301 pages.
Les Heures littéraires illustrées, 5 janvier 1910, pages 63-127.

Dès la première lecture devant le comité de la Comédie-Française le jeudi 10 juin 1886, la pièce fut reçue à l'unanimité puis plusieurs fois programmée et déprogrammée tant le Français avait de pièces déjà acceptées à produire. Le rôle principal fut attribué à l'acteur Got. Les répétitions commencèrent en février 1888 mais les acteurs demandèrent d'importantes modifications, Got déclara qu'il était impossible de mettre en scène le troisième acte, Clarétie lui-même critiqua... si bien que l'auteur retira sa pièce en août 1888.
L'oeuvre fut finalement créée le lundi 21 octobre 1889 sur le Théâtre-Libre, précédée d'un à-propos humoristique Dans le Guignol.
Ce drame en quatre actes et en vers connut ensuite un succès constant dans toute l'Europe avec le célèbre acteur Ermete Novelli, dans une version italienne en prose, Papa Lebonnardo.
La pièce fut enfin jouée sur le théâtre de la Comédie-Française, direction Jules Clarétie, le 4 août 1904, avec Louise Silvain (Mme Lebonnard), Silvain (Lebonnard), Louis Delaunay (marquis d'Estrey), Marie Kolb (Marthe). Elle connut un succès immense.

Un vieil horloger, devenu riche par ses inventions, est tyrannisé par une épouse entichée de noblesse. Il souffre du terrible secret qui lui brûle la poitrine : son fils Robert, fiancé à la fille d'un marquis, n'est pas son fils. Aussi a-t-il concentré toutes ses affections sur sa fille aînée Jeanne. Elle voudrait épouser le jeune médecin qui lui a sauvé la vie, mais la rumeur ne donne pour bâtard : Mme Lebonnard refuse donc cette union à sa fille. Lors d'une altercation familiale, alors que Robert insulte gravement son père, celui-ci lui-ci ordonne : « Tais-toi, bâtard ! », mais regrette aussitôt sa faiblesse. La pièce se termine sur une note plus heureuse : Jeanne épouse son docteur et Robert se fait officier.
« L'ordre de sentiments où se meut la nouvelle œuvre de M. Jean Aicard est un symptôme à noter. Les mobiles d'action, le dénouement, les conclusions morales de la pièce sont le triomphe de notions philosophiques et d'idées auxquelles le pessimisme moderne ne nous avait guère habitués. C'est la bonté, la générosité qui est l'unique source déterminante dans le cœur aimant du père Lebonnard, c'est la théorie du pardon qui l'emporte à la fin sur toute la ligne. On sort avec la pensée que le monde n'est peut-être pas incurablement mauvais, et que la douceur et la pitié restent encore ici-bas le parti le plus sage. » (Revue de France, 1889, page 478).

Plusieurs adaptations cinématographiques :

1920 : Papà Lebonnard (n° 1)
Production italienne dirigée par Mario Bonnard
Acteurs : Mario Bonnard ; Luisa Cappa ; Maria Caserini ; Nini Dinelli ; Armando Flaccomio ; Mimi ; Ugo Piperno ; Fernando Ribacchi ; Vittorio Rothermel ; Marcella Sabbatini ; Valeria Sanfilippo ; Giovanni Schettini ; Lorenzo Soderini.
Mise à la scène de la version italienne de la pièce, qui fut un des plus grands succès du célèbre acteur Ermete Novelli.

1939 : Le Père Lebonnard (n° 2)
Réalisateur : Jean de Limur
Scénario et dialogues : Akos Tolnay et Jacques de Féraudy
Société de production : Scalera Film
Directeur de la photographie : Ubaldo Arata
Compositeur de la musique : Jacques Ibert
Monteur : Eraldo Da Roma
Acteurs :
Ruggero Ruggeri, le Père Lebonnard ;
Madeleine Sologne, Mariella Lebonnard ;
Jean Murat, le docteur André ;
Jeanne Provost, Mme Lebonnard ;
Pierre Brasseur, Alfredo Lebonnard ;
Hélène Perdrière, Bianca Rocaforte ;
Charles Dechamps, le comte Majori ;
Nicolas Maldacea, le curé ;
Sylvain Itkine, le marquis Rocaforte ;
Roberto Cappella, le syndicaliste ; Robert Seller, Grignolino ;
Ivana Claar, l'infirmière ; Elena Fusco, Fulvia.
Tourné en Italie et sorti en France en 1939, le film a fait l'objet de deux versions, française (90 minutes) et italienne (92 minutes, sous le titre Papà Lebonnard).
Ayant bénéficié de moyens techniques importants, d'une mise en scène de grande qualité et de décors luxueux aussi bien en intérieur qu'en Campanie, le film se déroule sur une musique du compositeur Jacques Ibert, alors directeur de la Villa Médicis. Le scénario oublie quelque peu le père Lebonnard ; il met en avant l'ambition de la mère pour son fils et les menées des arrivistes, pour s'achever dans une grande réconciliation sociale portée par l'idéologie ambiante !

1946 : Papá Lebonard (n° 3)
Production mexicaine en langue espagnole, dirigée par Ramón Peón.
Acteurs : Luana Alcañiz ; Victoria Argota ; José Baviera ; Adriana Lamar ; Raúl Lechuga ; Carlos Martínez Baena ; Ramón Pereda ; Francisco Reiguera ; Alfonso Ruiz Gómez.
Durée : 75 minutes, noir et blanc.

1889 - Théâtre - Dans le guignol

Paris, Édouard Dentu, 1889, in-8°, 53 pages.

À-propos aristophanesque en un acte et en prose, créé à Paris, sur le Théâtre-Libre, le 21 octobre 1889, en prélude au Père Lebonnard.
Il représente la répétition d'une pièce où le directeur et les acteurs s'emploient à rendre la vie dure à l'auteur, où les acteurs de la Comédie-Française répètent avec beaucoup de mauvaise volonté. Dans cet acte, Jean Aicard soulève et discute devant le public la grave question de l'indépendance de l'auteur dramatique en face de ses interprètes.

1889 - Théâtre - Don Juan ou la Comédie du siècle

La Fin de don Juan, Paris, Sandoz et Fischbacher éditeurs, 1874, in-18°, 26 pages ; dédicace à Théophile Delboy.

Paris, Édouard Dentu, fin novembre 1889, in-18, xi-504 pages.
Paris, Ernest Flammarion, 1895, 504 pages.
Paris, Édouard Dentu, [1896], in-folio xxiii-512 pages ; compositions hors texte de Jean-Paul Laurens et de E. Vidal, dessins dans le texte de L. Montégut, gravures de Champollion, Delavallée, Baud.

En ligne : Gallica (BnF)

La genèse du Don Juan de Jean Aicard connut de nombreux épisodes, durant deux décennies... On peut en donner quelques repères :
— « j'ai lu Pygmalion et la Mort de don juan » (lettre de Jean Aicard à Amédée André, 2 décembre 1871, rendant compte d'une soirée avec les Vilains Bonshommes).
— « Il [Frédéric Mireur] est enchanté de son voyage et surtout de la soirée où vous avez dit Don Juan. Il paraît que M. Maquand n'avait jamais rien entendu d'aussi horriblement beau. » (lettre de François Dol à Jean Aicard, vendredi 10 juillet 1874).
— « La grâce, chez M. Jean Aicard, n'exclut pas la force. Les rares initiés qui ont entendu son magnifique poème inédit, la Mort de Don Juan, savent à quoi s'en tenir sur ce point. » (L'Écho, jeudi 3 février 1876).
— « M. Jean Aicard vient d'achever un drame en cinq actes et en vers, qui a pour titre : la Fin de don Juan, qu'il compte lire au comité du Théâtre-Français et dont le principal rôle est destiné à Mlle Sarah Bernhardt. » (La Presse, vendredi 31 janvier 1879).

Jean Aicard avait, au départ, conçu l'idée d'une comédie dramatique en cinq actes et en vers... qu'aucun théâtre n'accepta... et Don Juan fut publié sous la forme d'un vaste poème à la fin de l'année 1889 : « Et ce Don Juan, qui nous fait sourire, quelquefois, souvent pleurer, Jean Aicard l'a fait sortir de sa trop longue léthargie, et nous l'a montré dégoûté de la vie et de l'amour, ces deux néants, au point de vouloir chercher un refuge dans la mort, cette grande consolatrice ! » (Le Var républicain, 4e année, n° 1210 du dimanche 1er décembre 1889).

Mais l'idée d'une pièce poursuivit son chemin : « MM. Jean Aicard et Albin Valabrègue (deux amis de la maison) terminent une pièce en quatre actes et en vers, qu'ils destinent au théâtre de la rue Richelieu. Titre : Don Juan fin-de-siècle. » (Le Gaulois, n° 3152, jeudi 16 avril 1891). — « MM. Jean Aicard et Albin Valabrègue viennent de terminer leur Don Juan fin de siècle, en trois actes et en vers, pour lequel ils vont demander lecture à la Comédie-Française. » (La Presse, n° 1125, dimanche 5 juillet 1891).
La pièce fut soumise au comité de lecture de la Comédie-Française : « M. Albin Valabrègue a lu une pièce en deux actes de lui et M. Jean Aicard, Don Juan fin-de-siècle, qui a été reçue à correction » (Le Gaulois, n° 3500, mercredi 15 juin 1892). Valabrègue proposa à son co-auteur de réduire la pièce à trois actes. Mais, lors de la seconde lecture en janvier 1893, la pièce fut définitivement refusée.
Jean Aicard et Valabrègue remirent au théâtre de l'Odéon leur manuscrit intitulé Don Juan fin de siècle, pièce en trois actes en vers... là encore sans succès.

1890 - Théâtre - Double Conscience

Inédit.

Pièce en quatre actes et en vers interprétée par le Théâtre-Libre en septembre 1890.

1890 - Roman - Roi de Camargue

Paris, Émile Testard, décembre 1890, in-8°, 292 pages, illustrations de Georges Roux.
Paris, Émile Testard, 1891, in-18, viii-384 pages.
Paris, Ernest Flammarion, 1933, in-16, 350 pages.
Paris, Plon, « Bibliothèque reliée Plon » n° 206, 1936, in- 16, 253 pages.
Paris, Flammarion, « Select collection » n° 204, 1950, in-8°, 71 pages.
Raphèle-lès-Arles, Marcel Petit CPM, 1994, in-8°, facs.
Lyon, le Chardon bleu, collection « Bien lire », 1997, deux volumes 219-221 pages.
La Rochelle, La Découvrance éditeur, 2007, in-16, 334 pages.

Déçu et fatigué par les luttes et les tracasseries incessantes du théâtre, Jean Aicard signa là son premier roman.
Le gardian Renaud, dit « le roi de Camargue », aime Livette. Mais la gitane Zinzara, à qui Livette a refusé de l'huile, se venge en séduisant Renaud...
Un jour, elle se montre à lui émergeant nue des flots... Amour, serments, vertu, tout sera vaincu, effacé par l'image obsédante, inoubliable.
L'heure vient où Renaud succombe et est entraîné par la belle sorcière dans une cabane, sur un îlot, au milieu d'un marais. Livette veut se rendre auprès de Renaud pour l'arracher à la magicienne. Dans la nuit épaisse, elle se trompe de route, et s'enlise à demi dans la boue du marais. Jacques voit mourir sa fiancée et fuir sa maîtresse. Vieilli avant l'âge, jour et nuit il galope sur la lande, poursuivi par deux fantômes, hanté par le souvenir des deux bonheurs qu'il a perdus.
Le roman paraît être tiré d'une pièce de théâtre achevée en 1883, Jacques Renaud, inédite et probablement jamais jouée : « M. Aicard vient de quitter sa vieille Provence pour assister aux études de son drame, et rentre à Paris avec une comédie nouvelle, dont le titre provisoire est : Jacques Renaud. » (La Presse, n° 277, vendredi 5 octobre 1883).

Le roman a fait l'objet de quatre adaptations cinématographiques :


Film muet, 1921 : Le Gardian (n° 1)
Réalisateur : Joë Hamman
Société de production : Les Films Joë Hamman
Distributeur d'origine : Phocéa-Location
Acteurs : Joë Hamman, Nivoulas ; Gaston Jacquet, Mazar ; Hellen (ou Ellen ou Hélène) Darly, Fanette ; Lucie Berny (ou Suzanne Berny) ; Folco de Baroncelli, un passant.
Court métrage, noir et blanc, muet, sorti en France en mai 1921, tourné en images 35 mm.
Résumé : Nivoulas est le chef d'un groupe de gardians des Saintes-Maries-de-la-Mer. Son frère Mazar est fiancé à Fanette, une orpheline. A l'issue de la course de taureaux célébrant leurs fiançailles, ils se retrouvent à la terrasse d'un café. La serveuse venue de la ville, Lucie, aguicheuse, subjugue Mazar. Fanette se confie à son frère qui rappelle à Mazar l'engagement pris. Or un berger surprend plus tard un rendez-vous. Avertie, Fanette constate leur intimité sur place et s'évanouit. Elle fausse compagnie au berger qui l'a ramenée et se hâte vers le Rhône. Mazar se soustrait aux habitants venus lui demander des comptes. Nivoulas empêche la désespérée de commettre l'irréparable et pardonne à Mazar, qui s'est repenti. Il raconte au couple réuni comment il a, la veille, se faisant passer pour son frère, renvoyé Lucie à la ville.

Film muet, 1922 : Roi de Camargue (n° 1)
Réalisateur, adaptateur : André Hugon
Scénario : Jean Aicard
Société de production : Les Productions André Hugon
Distributeur d'origine : Pathé Consortium Cinéma
Acteurs :
Elmire Vautier, Lisette ; Claude Mérelle, la Zingara ;
Marie-Laure, l'aïeule ;
Charles de Rochefort, le roi de la Camargue ;
Jean Toulout, Rampal ; Luc Dartagnan
Tourné en 1921 et sorti en France le 20 janvier 1922, le film est d'une durée de 70 minutes. C'est la version la plus fidèle au roman original. Les scènes du pèlerinage des gitans ont été prises sur le vif.

Film parlant, 1935 : Roi de Camargue (n° 2)
Producteur : Jacques de Baroncelli
Scénario : Henri Decoin
Société de production : Général Productions
Directeur de production : Georges André-Cuel
Directeurs de la photographie : Nicolas Toporkoff et Georges Clerc
Ingénieur du son : Jacques Hawadier
Compositeurs de la musique : Arthur Honegger et Roland-Manuel
Assistants-réalisateurs : Marcel Dony et Françoise Giroud
Monteur : Jean Feyte
Acteurs :
Berval, Renaud ; Simone Bourday, Livette ; Tela Tchaï, Zinzara ;
Paul Azaïs, Titin ; Charles Vanel, Rampal ;
Jean Périer, Audiffred ; Armand Morins ; Zubiria ;
Jeanne Fusier-Gir
Sorti en France en 1935, le film, d'une durée de 75 minutes, confie le rôle principal à un chanteur, peut-être célèbre mais piètre comédien, transformant ainsi le roman camarguais en opérette provençale « à la sauce boules et pastis ».

Film parlant, 1946 : Le Gardian (n° 2)
Réalisateur : Jean de Marguenat
Adaptateurs : Jean de Marguenat, Loup Bonin Tchimoukow
Dialoguiste : Pierre Lestringuez
Société de production : Les Films Lutétia
Directeur de production : Georges Sénamaud
Directeur de la photographie : René Colas
Ingénieurs du son : René Privat et Jacques Carrère
Compositeurs de la musique : Louis Gasté, Roger Lucchesi, Gabriel Ruiz, Rolf Marbot, Francis Casadesus
Interprète des chansons : Irène de Trébert
Décorateur : Robert Dumesnil
Monteur : Pierre Méguérian
Acteurs :
Lilia Vetti, Zinzara ; Loleh Bellon, Livette Audiffred ;
Tino Rossi, Renaud ; Édouard Delmont, Marius Audiffred ;
Catherine Fonteney, Grand'mère Léa ;
Raphaël Patorni, Rampal ; Jenny Hélia, Rose ;
Pierre Mirat, le curé ; Fransined, Buffalo ; Gaston Gabaroche ;
Alida Rouffe ; Alexandre Arnaudy ; Nico Dakis ; Henri Arius ;
Marcel Maupi.
Sorti en France le 15 mai 1946, au cinéma Méliès à Paris, tourné en images de 35 mn, le film dure une heure et demie. Il abandonne la donnée première du roman pour faire valoir le chanteur Tino Rossi, mêlant mélodrame et opérette, folklore gardian et faconde marseillaise !
Cassette VHS-SECAM, Courbevoie, René Chateau Vidéo, collection « Mémoire du cinéma français », 1995.

1891 - Manifeste - La Pétition contre le décret de Moscou

Par un décret supposé signé à Moscou le 12 octobre 1812, Napoléon Ier réorganisa la Comédie-Française en la transformant en une association d'une trentaine de sociétaires cooptés, ayant pour mission de sauvegarder l'héritage dramatique français et de l'enrichir de nouveaux chefs-d'œuvre.
Une disposition, fort controversée, confia à un simple comité d'acteurs le soin d'admettre ou de refuser les pièces que la Comédie-Française devait jouer.
De nombreux auteurs s'élevèrent contre cette prérogative, en la déclarant abusive… mais les acteurs tenaient à leur privilège et ne renoncèrent jamais à l'exercice de leur pouvoir !
Jean Aicard, justement ulcéré contre les prétentions exorbitantes des acteurs, prit la tête de la fronde et rédigea, en février 1891, sa fameuse Pétition contre le décret de Moscou.

1891 - Roman - Deux Consciences

Inédit.

Archives municipales de Toulon, Fonds Jean Aicard, carton 1 S 31 : analyse du roman (19 folios, 13 avril 1891).

1892 - Roman - Le Pavé d'amour

Paris, Paul Ollendorff, juin 1892, in-18, 412 pages.
Paris, Ernest Flammarion, collection « Auteurs célèbres » n° 248, 1894, in-16, 249 pages.

Angèle, séduite puis abandonnée par l'enseigne de vaisseau Fleury, en a eu un enfant, qu'elle doit confier à l'Assistance publique. Mais le quartier-maître Alain l'épouse, adopte et élève l'enfant, et permettra même à Fleury mourant de revoir son fils.

Le Pavé d'amour est une placette du vieux Toulon sise entre le populeux cours Lafayette et le quartier réservé du Chapeau-Rouge. En filigrane de l'intrigue, le livre fait découvrir le Toulon populaire avec ses processions, son marché, la poissonnerie, les taudis et les logis aristocratiques, l'arsenal de la Marine.
Dans ce roman réaliste et moral, l'auteur invite à une réflexion sociale : « Le pavé d'amour, c'est l'amour foulé aux pieds par ceux qui courent à la débauche, c'est ce qu'il y a de plus saint, de plus sacré au monde étouffé, souillé, perdu par ce qu'il y a de plus laid, de plus honteux, de plus malsain. Pavé d'amour, c'est la voie large, bruyante, glissante où se précipite notre génération et par laquelle, en riant, en chantant, en s'épuisant, elle court à la honte et à la mort. On aperçoit dès lors le sujet du roman, la question tragique qu'il pose devant la conscience. C'est la question de l'amour lui-même, du grand et généreux amour luttant contre le mauvais et vaincu par lui. Et il est vaincu non seulement à cause de notre lâcheté de cœur, mais plus encore par l'effet des mœurs et de l'organisation de la société. Cette organisation et ces mœurs placent les jeunes gens en France dans de telles conditions que la défaite est fatale. Dieu a fait la jeunesse pour l'amour. Et la société, d'une part avec le service militaire, d'autre part avec les habitudes toujours plus dispendieuses de la vie, la contraint au célibat. Ainsi la contradiction est flagrante, terrible, entre les instincts naturels et les obligations sociales. Si le jeune homme ne peut pas se marier avant d'avoir payé sa dette au drapeau, ou avant d'avoir assuré sa position et sa fortune, et si, d'autre part, la chasteté est une vertu rare et presque surnaturelle, que deviendra-t-il ? où ira-t-il étancher la soif de son cœur et apaiser les ardeurs de son jeune sang ? La réponse est facile. » (Journal de Genève, dimanche 5 juin 1892).

Film muet, 1923 : La Rue du Pavé d'amour
Réalisateur et adaptateur : André Hugon
Société de production : Hugon-Film
Distributeur d'origine : Pathé Consortium Cinéma
Directeur de la photographie : Mérobian
Acteurs :
Sylvette Fillacier, Angèle ;
Adrienne Duriez, la mère d'Angèle ;
Pâquerette, Misé Monié ; Jean Toulout, Alain Le Friec.
L'histoire se déroule à Toulon entre un enseigne de vaisseau et un quartier-maître, le premier père biologique, le second père adoptif de l'enfant d'Angèle.

1892 - Discours - À M. le commandant de Birileff et à MM. les officiers russes invités au château Saint-Michel le 28 janvier 1892

Toulon, imprimerie de A. Isnard, 1892, in-12.

1892 - Poésie - Maternités

Paris, imprimerie de Paul Dupont, 1892, in-8°, 4 pages.

Vers lus par l'auteur à la séance d'inauguration du Refuge des femmes enceintes, le 6 mars 1892.

1892 - Discours - Discours de distribution des prix au cours secondaire de jeunes filles de Toulon, le 21 juillet 1892

Toulon, Imprimerie toulonnaise, 1892, in-8°, 27 pages.

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1893 - Roman - L'Ibis bleu

D'abord publié en feuilletons dans le Journal des débats politiques et littéraires, du dimanche 30 avril au jeudi 29 juin 1893.
Paris, Ernest Flammarion, fin juin 1893, in-16, 492 pages ; huitième mille en septembre de la même année.
Paris, Ernest Flammarion, « Collection illustrée » n° 44, 1914, in-8°, 127 pages.

Denis Marcant, chef de bureau tout entier à ses dossiers, fonctionnaire plutôt terne, installe sa femme Élise et leur fils dans le Midi, à Saint-Raphaël. Pierre Dauphin, dandy riche et oisif, séduit Élise et ils embarquent sur son yacht L'Ibis bleu. Denis, inopinément de retour, découvre la trahison et chasse Élise... acceptant même que son fils dépérisse en l'absence de sa mère.
Mais un jour, un paysan lui donne une leçon de générosité suprême. Cauvin vit depuis vingt ans à la ferme des époux Saulnier, et, depuis vingt ans, il est l'amant de la femme Saulnier. Cauvin fait tout le travail de la ferme avec ardeur et intelligence, et Saulnier ignore, ou feint d'ignorer, la conduite de sa femme. Une fille est née dans cette maison et Cauvin sent bien qu'elle est son enfant. Au moment de se marier, la jeune fille signifie à Cauvin que sa présence à la ferme est dans le pays un sujet de scandale et qu'elle ne peut plus tolérer sa présence chez ses parents. Cauvin refoule au fond de son cœur l'aveu qu'il allait faire et, dans un magnifique dévouement, s'en va pour ne plus revenir.
Marcant laisse sa femme revenir auprès de leur fils ; brisée par cette aventure, elle rend le dernier soupir emportant à l'instant suprême le pardon de son mari.
Après Miette et NoréLe Père Lebonnard, ce roman développe de nouvelles variations sur le concept de pitié qui sous-tend toute la pensée philosophique de Jean Aicard.

Jean Aicard tira une pièce de son roman L'Ibis bleu sous le titre Marcant, confiée à Ermette Novelli pour être représentée à Milan en octobre 1898 (La Presse, n° 2220, dimanche 26 juin 1898).

Film muet, 1919 : L'Ibis bleu
Réalisateur, scénariste : Camille de Morlhon.
Acteurs : Pierre Magnier, Denis Marcant ; Raoul Praxy, Pierre Daumier ; Ernest Amaury, le docteur Morin ; Jeanne Brindeau
Le film a été tourné à Nice entre le 16 août et le 17 septembre 1918. Le réalisateur a complètement transformé la donnée du roman aicardien dont il ne conserve que l'ossature : le cinéaste fait passer à l'arrière-plan le yacht éponyme, la nature méditerranéenne et les paysages provençaux si lumineux, qu'il remplace par un univers mélancolique sur fond de tempêtes ; il transforme en romance heureuse une fin que le romancier avait voulue tragique.

1893 - Poésie - Michel-Ange et Vittoria Colonna

La Nouvelle Revue, 13e année, tome 82, mai-juin 1893, pages 108-117.
Aicardiana, 2e série, n° 18, 15 septembre 2016, pages 51-60.

Jean Aicard a été fasciné par Michel-Ange. Il semble l'avoir découvert au cours du voyage qu'il fit en Italie en septembre 1875 et dont il a laissé une relation dans les archives de l'Académie du Var en 1875.
Michelangelo Buonarroti, né le 6 mars 1475 au château de Caprese (Toscane) et mort le 18 février 1564 à Rome, est généralement connu comme sculpteur, peintre et architecte ; bien peu de gens savent qu'il s'adonna également à la poésie et y fut reconnu comme l'égal de Pétrarque et de Dante. Il a laissé des sonnets et madrigaux, publiés par son petit-neveu, Michelangelo le Jeune, en 1623.
Ce premier éditeur s'est, toutefois, autorisé – pour des raisons de convenances – quelques modifications au texte original, et notamment le travestissement de certains pronoms afin de masquer la passion que son grand-oncle portait au jeune Tommaso de Cavalieri. Il fallut attendre l'édition de César Guasti, en 1863, pour que la poésie de Michel-Ange fût publiée dans son texte original.
Jean Aicard a traduit – ou, plutôt, paraphrasé – en vers français quatorze sonnets et madrigaux dédiés à Vittoria Colonna.

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1893 - Discours - Société de secours aux familles de marins français naufragés. Fête donnée au Palais du Trocadéro, le 27 mai 1893. Discours de M. Jean Aicard

Paris, imprimerie de Chaix, 1893, in-folio, 13 pages.

En ligne : Gallica (BnF)

1893 - Guide touristique - Toulon et ses environs, guide littéraire illustré

Toulon, Imprimerie toulonnaise, octobre 1893, in-16 oblong, non paginé. Dessins de Léon Maurel. Textes de Jean Aicard, Gustave Derepas, Théodore de Fallois, Nestor Noble, Célestin Sénès, Paul Mangin, François Armagnin, Henri Amoretti, Louis Henseling, Gabriel Drageon, Paul Long.

Jean Aicard et ses amis rédigèrent cet intéressant guide touristique, littéraire et illustré, à l'intention des personnes étrangères à la ville venues y séjourner à l'occasion de la visite de l'escadre russe de l'amiral Avellan.

1894 - Roman - Fleur d'abîme

D'abord publié en feuilletons dans le Journal des débats politiques et littéraires, du vendredi 23 février au lundi 21 mai 1894.
Paris, Ernest Flammarion, fin mai 1894, in-18, 412 pages.

En ligne : Gallica (BnF)

Fleur d'Abîme est une jeune fille corrompue — moralement pervertie, — qui joue à l'honnête femme, et se fait épouser par un homme riche, dont elle a su se faire passionnément aimer. Le mari s'aperçoit bientôt de son erreur. C'est un homme honnête et intelligent, très dévoué à toutes les questions généreuses, qui s'efforce d'avoir la conduite la plus droite possible. Il se sépare de sa femme, qui partira bientôt pour la Russie avec un riche aventurier qu'elle a réussi à charmer.
Ce drame moderne qui fait de Jean Aicard un maître du roman idéaliste marque le triomphe de l'idéal et de l'honneur.

1894 - Théâtre - Pierrot et l'Amour

Inédit.

La société dramatique Les Planches fut créée au début mars 1894 par une réunion de jeunes gens qui en offrirent la présidence d'honneur à Jean Aicard, qui l'accepta.
Ils donnèrent leur premier spectacle au théâtre d'Application, à Paris, le samedi 21 avril suivant, en débutant par ce prologue en vers.

1894 - Discours - Les Sauveteurs. Discours du 23 avril 1894

Paris, imprimerie Mouillot, 1894, 13 pages.

1894 - Poésie - Pour la Grèce

Paris, Librairie-imprimerie réunies, sd [juin 1894], 8 pages.
Aicardiana, n° 1, pages 9-14 ; et Aicardiana, 2e série, n° 18, 15 septembre 2016, pages 248-253.

À la fin du mois de mars et au début du mois d'avril 1894, de grands tremblements de terre ravagèrent la Grèce. En Locride, par exemple, plus de trois cent cinquante secousses furent enregistrées ; des crevasses et des affaissements de terrain entraînèrent d'importantes transformations géologiques et la mer envahit les terres sur environ un kilomètre de profondeur.
Une mobilisation internationale vint au secours de la Grèce ; l'École française d'Athènes, créée en 1846, était alors en charge des fouilles archéologiques de Délos et de Delphes. À Paris, Mme Juliette Adam réunit un comité de personnalités du monde littéraire et organisa, en faveur des sinistrés, une soirée de gala, au Grand-Hôtel, le vendredi 8 juin 1894 : d'excellents artistes prêtèrent leur concours et Jean Aicard récita lui-même ce poème qu'il avait composé à cette intention : dans une vision inattendue, les dieux de la vieille Grèce reprochent aux Occidentaux d'avoir trahi l'idéal chrétien, et la Pitié – autre nom de la Charité – réconforte la déesse Athéna dont le temple est menacé de ruine.

1894 - Discours - La Force et le Droit

Aicardiana, n° 1, pages 63-76.

Discours prononcé le samedi 16 juin 1894, dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, devant les délégués du Congrès international athlétique convoqué par le baron Pierre de Coubertin, qui décida de la création des Jeux olympiques modernes.
Jean Aicard y fit l'éloge des exercices athlétiques.
« Assembler des congrès internationaux de la force, c'est vouloir maintenir les bienfaits de la paix en même temps que les vertus viriles dont on fait injustement l'attribut de la guerre.
« Quand les idéologues s'assemblent pour désirer en commun la paix du monde, on peut craindre qu'ils demeurent inécoutés ; mais quand la force physique tiendra les états généraux de l'idée et du droit, on pourra commencer d'espérer beaucoup ; elle y proclamera que l'emploi de tous les courages est plus digne d'admiration si on les dirige contre les éléments, contre la barbarie, contre les pestes et la mort, que s'ils servent à détruire les œuvres du genre humain, patrimoine légué par les siècles. Alors le monde tourmenté pourra respirer peut-être, l'hésitation visible des nations en armes à s'entre-anéantir cessera pour faire place à la seule volonté de créer, le malaise universel prendra fin. Un certain pessimisme perdra son plus sombre argument. La civilisation aura cessé de se menacer elle-même. Toutes les justices, tous les bons droits reconnaîtront dans la force leur garantie vitale. Et quand tout ceci ne serait qu'un rêve, grande restera dans le siècle la minute où il a été rêvé par des peuples unis ! »

1895 - Roman - Diamant noir

Paris, Ernest Flammarion, fin mai 1895, in-18, 405 pages ; déjà à son cinquième mille au bout de huit jours.
Paris, Plon-Nourrit et Cie, « Bibliothèque Plon » n° 66, 1922, 214 pages.
Paris, Imprimerie française de l'édition, « Bibliothèque reliée Plon » n° 101, 1931, in-16, 252 pages.
Paris, imprimeur-éditeur Plon, « Nouvelle bibliothèque Plon » n° 34, 1938, 252 pages.

C'est l'histoire d'un singulier diamant noir monté sur une épingle de chapeau, long et subtil poignard dont la femme qui le porte se frappe au cœur, le jour où elle se sent incapable de résister plus longtemps à l'entraînement de son cœur.

Film muet, 1922 : Le Diamant noir
Réalisateur et adaptateur : André Hugon
Société de production : Les Productions André Hugon
Distributeur d'origine : Pathé Consortium Cinéma
Directeur de la photographie : Mérobian
Acteurs :
Claude Mérelle, Fräulein ; Armand Bernard, Gottfried ;
Ginette Maddie, Nora ; Pierre Fresnay, Bouvier ;
Henry Krauss, M. de Mitry ; Romuald Joubé, M. de Fresnay ;
Charles de Rochefort ; Irène Sabel ; Jean Toulout.
Tourné sur la côte varoise, le film, sorti en octobre 1922 en deux épisodes « Le calvaire d'une innocente » et « L'amour rédempteur », suit au plus près le roman, auquel il offre une belle mise en scène et une grande qualité photographique.
Première apparition de Pierre Fresnay au cinéma.

Film parlant, 1941 : Diamant noir
Réalisateur, dialoguiste, monteur : Jean Delannoy
Société de production : Les Films Minerva (Paris)
Directeur de production : Jean Davran
Directeur de la photographie : Fédote Bourgassoff
Ingénieur du son : Jean Roberton
Compositeur de la musique : Henri Goublier
Décorateurs : Marcel Magniez et Pierre Marquet
Acteurs :
Charles Vanel, François Mitry ; Gaby Morlay, Mlle Marthe ;
Louise Carletti, Nora Mitry ; Maurice Escande, Guy de Fresnoy ;
Guy Denancy, Jacques Maurin ; Hélène Constant, Thérèse Mitry ;
Jean Joffre, Daniel ; Michel Retaux, Jacques à douze ans ;
Jacques Roussel, Vincent ; Paul Demange, le chauffeur ;
Georges Paulais, un invité ; Roger Vincent, le préfet ;
Alexandre Mathillon ; Robert Dartois ; Marcel Dumont ;
Jeanne Véniat, Cathy ; Carlettina, Cathy ;
Gabrielle Davran, Nora à neuf ans ;
Henriette Delannoy, Soeur Angèle ; Simone Voisin, Mme de Morigny.
Tourné en mars-avril 1940 à Saint-Tropez et Cavalaire, sorti en France le 25 juin 1941, d'une durée de 98 minutes, ce second Diamant noir est l'œuvre d'un réalisateur à l'aube de sa longue carrière. La fin dramatique du roman a été remplacée par la conventionnelle happy end du cinéma populaire.

1895 - Nouvelles - L'Été à l'ombre

Paris, Ernest Flammarion, août 1895, in-12, 312 pages.

L'Été à l'ombre réunit une série de nouvelles écrites par l'auteur à différents moments de sa vie et parues dans le Gaulois, le Figaro et diverses revues ; il contient de courts récits qui racontent rien ou pas grand-chose... des histoires tristes ou gaies, des souvenirs d'enfance, la nostalgie des jours heureux, des bribes d'existence, des bonheurs et des regrets... Dédié au peintre provençal Frédéric Montenard : « C'est un recueil d'histoires brèves, lecture faciles à couper de petits sommes rythmiques et doux, conseillers d'indulgence, et durant lesquels le songe du lecteur satisfait achève et embellit les rêves du conteur... Lis mon livre l'été, à l'ombre. »

On y trouve : « La vierge pâle » (pages 3-31) ; « Pieta » (pages 33-41) ; « Mensonge de chien » (pages 43-53) ; « Coup de fusil d'un Corse » (pages 55-68) ; « Les esprits frappeurs » (pages 69-79) ; « Horrible nuit » (pages 81-95) ; « La Noël de grand-père » (pages 97-111) ; « La Noël du petit Zan » (pages 113-133) ; « Le roman comique en miniature » (pages 135-146) ; « Tiste le tambour-major » (pages 147-159) ; « Le régiment qui passe » (pages 161-166), pièce en vers ; « Le chef-d'oeuvre » (pages 167-184) ; « Toute une vie » (pages 185-201) ; « L'immortelle » (pages 203-225) ; « Les étrennes du père Zidore » (pages 227-239) ; « La lettre » (pages 241-249) ; « Le retour des cloches » (pages 251-265) ; « Quinze août et Quatorze juillet » (pages 267-276) ; « Les deux étameurs » (pages (277-290) ; « Le vase d'argile » (pages 291-302)

1896 - Roman - Notre-Dame d'amour

D'abord publié en feuilletons dans le Journal des débats politiques et littéraires, à partir du samedi 4 janvier 1896.
Paris, Ernest Flammarion, février 1896, in-18, 344 pages.
Paris, Nelson, « Collection Nelson » n° 118, sd, in-16, 258 pages.
Raphèle-lès-Arles, Marcel Petit CPM, 1990, in-8°, 124 pages.

En ligne : Gallica (BnF)

Notre-Dame-d'Amour met en scène des meneurs de cavales et de troupeaux sauvages, dans le désert de Camargue, sur fond de passions impérieuses, d'Arlésiennes au profil antique et de duels de toréadors. Pastorel, fiancé de Zanette, est ému par la belle et peu farouche Roseline... mais il retrouve Zanette au sanctuaire de Notre-Dame d'Amour.

Deux adaptations cinématographiques :
 
Film muet, 1923 : Notre-Dame d'Amour (n° 1)
Réalisateur et adaptateur : André Hugon
Société de production : Les Productions André Hugon
Distributeur d'origine : Pathé Consortium Cinéma
Directeur artistique : Mérobian
Acteurs :
Claude Mérelle, Roseline ; Irène Sabel, Zanette ;
Jean Toulout, Martegas ; Charles de Rochefort, Pastorel ;
Person-Dumaine, le maître Augias ; Antonin Berval ; Irène Pépée.
Tourné en partie à Arles (août 1922).
Sorti en France en janvier 1923. Noir et blanc.

Film parlant, 1936 : Notre-Dame d'amour (n° 2)
Réalisateur : Pierre Caron
Scénario : Michel Carré et Jacques Constant
Société de production : Les Productions Claude Dolbert.
Directeur de la photographie : Georges Benoît
Compositeur de la musique : Jane Bos
Acteurs :
Berval, Jean Pastorel ; Lise Delamare, Roseline ;
Nane Germon, Zanette ; Raymond Cordy, Antonin Cabrol ;
Milly Mathis, Angélique ; Abel Tarride, Maître Augias ;
Fernand Flament, Martegas ; Joe Hamman, Fernando ;
Jean Cyrano, Marius ; Louis-Jacques Boucot ;
Jacques Tarride ; Germaine Lix, Félicité Pastorel ;
Hélène Pépée ; Nita Georges.
Durée : 84 minutes. Quoique fidèle au roman, le scénariste introduit dans son film les idées alors à la mode comme l'agression du monde rural, fermé et traditionnel, par des urbains déracinés et sans traditions ; d'où le besoin d'un retour marqué aux valeurs traditionnelles, dans un contexte déjà idéalisé par un régionalisme idéologique.

1896 - Poésie - Jésus

Paris, Ernest Flammarion, début mars 1896, in-18, 298 pages ; sixième mille le vendredi 1er mai suivant.
Nouvelle édition, avec une illustration d'Octave Guillonnet, Paris, Ernest Flammarion, 1912, in-8°, 297 pages.
3/ Aicardiana, 2e série, n° 29, 15 décembre 2019, 379 pages ; édition complétée et enrichie de notes et commentaires par Dominique Amann.

En ligne : Gallica (BnF)

Dans cette grande œuvre philosophique, le poète n’a pas voulu paraphraser en vers la prose des évangiles canoniques ; il n’a pas voulu répéter le message de telle ou telle Église, puisque lui-même n’appartenait à aucune. Jésus est l’Évangile selon Jean… Aicard, dans lequel le poète développe, au sein de sa philosophie idéaliste, sa propre vision de la personne du Christ : non pas un Dieu fait homme mais un homme devenu Dieu par l'exemplarité de son existence et la force de son message.

1897 - Discours - Le Bicentenaire de Dupleix à la Sorbonne. Discours en vers de M. Jean Aicard, Paris

Imprimerie Paul Dupont, 1897, 4 pages.

1898 - Roman - L'Âme d'un enfant

Paris, Ernest Flammarion, mars 1898, in-18, 384 pages.

Histoire d'un garçonnet orphelin de mère et dont le père, musicien de talent mais obscur, accule à la ruine son propre père, avant de se remarier avec une marâtre déjà pourvue de deux garçons ; l'enfant du premier lit est mis en pension dans un lycée lointain et sa famille, qui est marseillaise, l'exile encore, pendant les grandes vacances, chez des parents à Toulon.
Ce roman est aujourd'hui généralement considéré comme autobiographique : l'auteur y parle à la première personne, cite des lieux réels qu'il décrit avec précision, met en scène des personnages de sa propre famille – essentiellement son grand-père, sa tante et son père – et des événements effectivement survenus dans leur existence, comme la faillite de l'aïeul…
Pour autant, l'histoire de ce garçonnet est fort éloignée de celle du jeune Jean et la dimension purement autobiographique se limite, en fait, à quelques éléments bien minces : dans la première partie, les premiers souvenirs (VII, IX), l'institutrice parisienne et la fable de Florian (X), les anecdotes toulonnaises (XI, XII, XIII, XXV) ; dans les deuxième et quatrième parties, quelques événements de la vie lycéenne ; dans la troisième partie, les personnages du grand-père Martel et de la tante Adèle.
De plus, la trame purement narrative est extrêmement ténue, chaque événement – réel ou imaginaire – étant le prétexte à des réflexions sur la personnalité du jeune enfant, son écrasement par l'institution quasi carcérale de l'internat lycéen, les devoirs parentaux, le besoin d'affection… qui font de cet ouvrage non point un simple « roman » mais, bien plus, un véritable plaidoyer pour une nouvelle éducation fondée sur une étude préalable de la psychologie de l'enfant et de ses besoins affectifs, intellectuels ou moraux.

1898 - Roman - Mélita

D'abord publié en feuilletons dans La Grande Revue à partir du jeudi 5 janvier 1899.
Paris, Ernest Flammarion, 1899, in-12, 348 pages.

Les aventures d'une jeune Tzigane de treize ans emmenée à Paris par une vieille duchesse fantaisiste.

1898 - Poésie - Hommage à Michelet

Sl, sn, sd [1898], in-16, deux feuillets.

Poème dit à la matinée littéraire et musicale du lycée Michelet, le 9 juin 1898, lors de l'inauguration du buste de Michelet, œuvre d'Antonin Mercié, en présence de Mme Michelet,

1899 - Poésie - Sauveteurs

Paris, imprimerie de P. Mouillot, 1899, in-8°, 13 pages.

En ligne sur ce site

Poème dit par M. Mounet-Sully à l'assemblée générale de la Société centrale de sauvetage des naufragés, le 7 mai 1899.

1899 - Poésie - Poèmes d'Italie

Aicardiana, 2e série, n° 18, 15 septembre 2016, pages 133-222.

En 1899, Jean Aicard fit un long voyage de trois mois en Italie : Venise (seconde quinzaine de mai), Rome (juin), Florence (juillet), Naples et Pompéi (juillet-août), Florence et Sienne (mi-août).
De ce long voyage dans la péninsule, il rapporta de nombreux poèmes et, l’année, suivante, envisagea de les réunir en un recueil. Mais l’ouvrage n’a jamais paru, très probablement parce que les pièces alors composées n’auraient pas fourni tout un volume.
Dans cette livraison, Dominique Amann publie l'ensemble des poèmes d'Italie de Jean Aicard, dont la plupart ont été écrits au cours de ce voyage.

1899 - Conte - Décembre 1899. Noël

Toulon, imprimerie catholique, 1900, in-16, 5 pages.

1901 - Roman - Tata

Publié en feuilletons dans les Annales politiques et littéraires, du dimanche 2 décembre 1900 au dimanche 7 avril 1901.
Paris, Ernest Flammarion, fin juillet 1901, in-16, 352 pages.
Supplément du Caprice des 16 janvier-1er juin 1903, pages 1-80.
Paris, Ernest Flammarion, 1910, in-8°, 125 pages.

Histoire d'une tante Adèle qui sacrifie sa vie pour élever et faire le bonheur de son neveu, ce livre est un hommage à la tante Magdeleine qui a tant fait pour son neveu Jean Aicard.
Comme L'Âme d'un enfant (1898), ce roman est généralement considéré comme autobiographique.
Certes, la bonne tante a incontestablement inspiré son neveu pour le personnage de Tata, l'héroïne éponyme du roman, où son père, M. Bonnaud, n'est pas sans rappeler le grand-père Jacques… Toutefois, même si l'ouvrage est très narratif et apparemment fort biographique, il n'en reste pas moins que la fiction y est très prédominante, jusqu'à cette rencontre supposée de la tante Adèle et du pape Léon XIII… La tante qui, dans L'Âme d'un enfant, se contentait de donner quelques leçons de catéchisme aux enfants des hameaux voisins, devient, dans Tata, la directrice d'une école : si bien qu'aujourd'hui encore, il est courant de dire que Magdeleine aurait été institutrice dans une école privée de Bandol. Or, il n'est jamais question d'une telle activité dans la correspondance qu'elle a échangée avec son neveu et aucun des documents officiels connus ne lui reconnaît jamais cette profession.
Par-delà une lecture au premier degré qui limiterait ce livre à une biographie, Tata apparaît davantage comme une célébration idéaliste de toutes les vertus, un hymne à l'Abnégation et à la Bonté, qui consolent des bassesses de la vie.

1903 - Poésie - Le Tombeau de Sainte-Beuve

Le Tombeau a été publié dans un périodique encore non identifié : on en trouve une coupure dans le carton 1 S 43, agenda n° 7, pages 90-91, du Fonds Jean Aicard aux archives municipales de Toulon.
Publié dans Aicardiana, n° 2, pages 103-106.

Ce poème a été composé par Jean Aicard pour l'inauguration, le dimanche 10 mai 1903 au cimetière du Montparnasse à Paris, du monument à Sainte-Beuve, œuvre du statuaire José de Charmoy. C'est Mlle Moreno qui lut ces vers.

1903 - Théâtre - La Légende du cœur

Paris, Ernest Flammarion, sd, in-12, 320 pages, portraits, figures.

Ce drame en vers fut d'abord écrit en cinq actes pour le théâtre parisien de l'actrice Sarah Bernhardt : la pièce fut acceptée par la célèbre tragédienne en février 1903 et les rôles distribués aux acteurs vers la mi-mars. À cette même date, l'on convint que la création aurait lieu dans le cadre prestigieux du célèbre Théâtre-Antique d'Orange : la directrice Mme Caristie-Martel en avait en effet obtenu la concession pour le mois de juillet 1903 et demandé une pièce à Jean Aicard.
La première eut donc lieu à Orange le lundi 13 juillet 1903, dans une nouvelle version recomposée en quatre actes, avec Sarah Bernhardt dans le rôle du troubadour Cabestaing : les milliers de spectateurs qui avaient envahi les vénérables gradins offrirent un triomphe aux acteurs et à l'auteur.
La pièce fit ensuite l'ouverture de la saison au théâtre parisien de Sarah Bernhardt, le 28 septembre suivant, direction Sarah Bernhardt ; décors de Lemeunier ; acteurs : Blanche Dufrène (Alice de Castelnau), Marguerite Moreno (Cabestaing)… Le public parisien n'accorda qu'un succès mitigé à cette légende médiévale et, après quelques représentations, la pièce disparut et n'eut aucune reprise.

Reprenant l'histoire bien connue de Raymond de Castelnau, mari jaloux qui fit dévorer par ses chiens Cabestaing, l'amoureux de sa femme, puis servir à celle-ci, sur un plat de venaison, le cœur de l'infortuné troubadour, Jean Aicard en profite pour célébrer la Provence éternelle.

1903 - Théâtre - Italie et France

Le Figaro, 49e année, 3e série, n° 285, lundi 12 octobre 1903, page 1, colonnes 1-2.
Intermède également publié par Charles Beauquier, France et Italie, Corbeil, Édouard Crété, 1904, in- 16, 32 pages.
Aicardiana, 2e série, n° 18, 15 septembre 2016, pages 107-115.

À l'occasion du séjour en France du roi et de la reine d'Italie, la Ligue franco-italienne offrit au conseil municipal de Paris, à l'ambassade d'Italie et à la presse italienne une représentation extraordinaire de La Légende du cœur, sur le théâtre Sarah-Bernhardt, le lundi 12 octobre 1903. Au cours de cette soirée de gala, la troupe représenta également un intermède en vers, intitulé Italie et France, écrit spécialement par Jean Aicard pour cette occasion. Interprètes Mlles Moreno et Dufrène, MM. de Max, Krauss, Guidé et Puylagarde.

1904 - Théâtre - La Milésienne

Paris, Ernest Flammarion éditeur, février 1924, in-12, 164 pages.

Légende tragique en quatre actes et en vers.
Une première version en trois actes et en prose fit place à une seconde mouture en quatre actes et en vers. Fernand Hauser, un ami de l'écrivain très au fait de ses travaux, affirme que la pièce était achevée en janvier 1904 : il s'agit ici de la première version, en prose, car un manuscrit autographe de l'écrivain que j'ai eu l'occasion de consulter, contenant une ébauche en vers de la pièce, porte, à la fin : « La Garde. Terminé le 13 Xbre 1904 à minuit ».
Raoul Davray en fit état en 1909 et Victor Méric l'annonça « très prochaine » en février 1910… Pour autant, la pièce n'a jamais été jouée et ne fut publiée qu'en février 1924.
La Milésienne met en scène, dans une tribu salienne des environs de Massalie, Érippe, épouse de Xanthos, une âme affreuse déterminée par la cupidité, la sensualité et la perfidie : « devant la mort, qui va châtier ses traîtrises elle est lâche et supplie ; frappée, agonisante elle trouve encore les paroles de vengeance […]. Jean Aicard a fouillé ce caractère jusqu'aux boues les plus profondes, au marécage sur la surface duquel fleurissent les corolles vénéneuses et viennent crever les bulles pestilentielles. »

1906 - Roman - Benjamine

Paris, Ernest Flammarion, mi-juin 1906, in-12, 384 pages.
Paris, Plon-Nourrit et Cie, collection « Bibliothèque Plon » n° 79, 1923, 216 pages.
Paris, les petits-fils de Plon et Nourrit, collection « Bibliothèque reliée Plon », 1929, in-16, 253 pages.

En ligne : Gallica (BnF)

Benjamine fut, à l'origine, une pièce en quatre actes reçue par le théâtre parisien du Gymnase le 28 juin 1902 et dont le rôle principal devait être interprété par Mme Simone Le Bargy : mais celle-ci, au début des répétitions, se déclara malade et refusa, par la suite, de jouer ce rôle. Un nouvel essai en janvier 1906 aboutit à un nouvel échec. Jean Aicard transforma donc sa pièce en roman, à la mi-juin 1906.

M. Guirand, un député ambitieux et opportuniste, refuse sa fille unique Benjamine à un jeune homme pauvre et plein de mérite, Jean Montchanin, qu'elle aime et qui l'aime. Il la marie de force, avec la complicité de sa femme, au marquis de Courcieux, dont l'alliance lui paraît avantageuse au succès de ses plans politiques.
Jean Montchanin, ami d'enfance de Benjamine, est, certes, sensible au charme et à la beauté délicate de la jeune fille ; mais, surtout, il lui plaisait de devenir le gendre d'un député influent et riche. Aussi, quand il est évincé, il se fait payer son renoncement d'un avancement très avantageux.
Le marquis de Courcieux, au contraire, est d'un noble caractère : il découvre qu'il a été trompé par son beau-père, sans savoir que Benjamine n'avait pas le cœur libre. Aussi, quand elle se refuse à lui, il respecte son sentiment avec une rare abnégation.
Benjamine, qui a aimé Jean depuis le berceau, ne conçoit pas qu'elle puisse cesser de l'aimer jusqu'à la tombe. Et si elle a rencontré l'homme qui répondait le mieux son idéal, la façon dont son père s'est pris pour le lui faire épouser a provoqué en elle une telle révolution morale qu'elle vivra toujours avec lui comme une étrangère.
Ayant retrouvé Jean, Benjamine se donne à lui et met au monde un enfant adultérin, Courcieux, magnanime, l'absout, mais elle finit par perdre pied dans cette situation sentimentale inextricable ; et le roman s'achève avec son suicide.
L'auteur met en scène les péripéties de la lutte d'un cœur jeune et fier contre toutes les compromissions et les déchéances de la vie.

1906 - Théâtre - Maître Pasquale

Inédit.

Aux archives municipales de Toulon, dans le Fonds Jean Aicard, le carton 1 S 20 (n° 24-50) contient plusieurs copies réalisées par les agences Compère et Leduc, en trois ou en quatre actes, sous les titres Maître Pasquale ou Les Pasquale ou Le Maestro Pasquale ; l'une d'elles est datée « juin 1906 ».
Première lecture au comité de la Comédie-Française le 11 juin 1912 : le comité demande que la pièce, en quatre actes, soit réduite à trois actes. Seconde lecture en mars 1913 : la pièce est reçue.

1907 - Poésie - Jeanne d'Arc

Paris, Académie française, 1907, 18 pages.
Revue des Deux Mondes, LXXIXe année, cinquième période, tome LI, 1er mai 1909, pages 188-198.
Aicardiana, n° 4, septembre 2013, pages 31-44.

Le jeudi 18 avril 1907, l'Académie française proclama le palmarès de son concours annuel de poésie. Parmi les récompenses distribuées ce jour-là, les académiciens décernèrent « un prix de 1,000 fr. à M. Jacques André, pour son poème sur Jeanne d'Arc » (Le Gaulois, n° 10779, vendredi 19 avril 1907, page 1, colonne 3). Le journaliste avait commis une petite erreur puisque le poème avait été imprimé par l'Académie sous le nom plus exact de « Jac André ». Quoiqu'il en soit, ce « Jacques André » était un parfait inconnu des lettres. Mais le doute n'est pas permis, car il existe, dans les collections du musée des Lauriers-Roses, un exemplaire imprimé de cette oeuvre où Jean Aicard a porté de sa main, à côté du titre, la mention très explicite : « j'ai concouru sous le pseudonyme de jac André ». Et ce texte a été publié peu après, avec quelques petites corrections mais sous la signature « Jean Aicard », par la Revue des Deux Mondes.
Jean Aicard a toujours été fasciné par le personnage de Jeanne d'Arc, de la guerrière engagée pour la libération du royaume et son unité, qui a poursuivi son combat jusqu'au supplice. Au XIXe siècle, la figure historique de Jeanne a été utilisée pour promouvoir divers messages religieux, politiques ou philosophiques, et Michelet en fit « une sainte laïque ». L'Église romaine, qui avait beaucoup à se faire pardonner, ouvrit le procès en canonisation en 1897 et la déclara « bienheureuse » le 18 avril 1909.

1907 - Discours - Les Sauveteurs

Paris, Société centrale de sauvetage des naufragés, 1907, grand in-8°, 12 pages.

Discours en vers prononcé à l'assemblée générale de la Société centrale de sauvetage des naufragés, le dimanche 5 mai 1907, dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne.

1907 - Théâtre - Le Manteau du roi

Paris, Ernest Flammarion, 1907, in-16, 228 pages.

Drame en quatre actes (cinq tableaux) et en vers, avec une musique de scène de Jules Massenet, créé à Paris, sur le théâtre de la Porte-Saint-Martin, direction Hertz et Coquelin, le mardi 22 octobre 1907. Jean Aicard déclara, quelques jours avant la création, l'avoir écrite « il y a trois ou quatre ans, dans le Midi  ».
Un jeune roi s'abandonne à l'ivresse de sa toute-puissance : il rétablit la torture, condamne des populations entières à l'exil, voue toute une ville révoltée au massacre. Son plus vieux et plus fidèle ministre n'obtient pas grâce devant lui et c'est à peine s'il épargne son bouffon favori quand il tente de lui dire que la bonté est la vertu suprême. Mais soudain, une grande voix retentit dans le palais, et le Pauvre prédit au cruel tyran le châtiment de ses crimes.
Au second acte, le Pauvre prend le costume et le manteau du roi pendant qu'il se baigne, et ce roi dépouillé n'est plus reconnu par personne : il passe pour fou, même aux yeux de son propre fou. Même sa bien-aimée le prend pour le jeune étudiant, son fiancé de jadis. Finalement, il ne se sent un homme pareil aux autres hommes que lorsqu'il est fouetté jusqu'au sang et jusqu'à l'évanouissement par les valets de torture.
Le Pauvre proclame alors la guérison du roi, fait homme par la pitié, redevenu bon roi, humain, doux, et tendre, désireux de faire le bonheur de son peuple.
Dans ce drame, comme dans la plupart de ses écrits précédents, Jean Aicard développe de nouvelles variations sur le thème de la Pitié qui fonde sa réflexion philosophique.
« Dans Le Manteau du Roi comme dans toutes les autres œuvres du poète circule un souffle de bel idéal. A côté du Roi et du Bouffon, un personnage invisible : la Bonté est toujours présent. C'est lui qui dénoue l'action, c'est lui qui fournit le sens moral de la pièce et qui l'achève. » (Martin-Mamy, L'Aurore, vendredi 11 octobre 1907).

1908 - Poésie - Vittoria Colonna

Revue des Deux Mondes, LXXVIIIe année, cinquième période, tome quarante-huitième, 4e livraison, 15 décembre 1908, pages 911-913.
Aicardiana, 2e série, n° 18, 15 septembre 2016, pages 46-49.

Vittoria (1490-1547), née dans l’illustre famille romaine des Colonna, épousa en 1509 le marquis Fernando de Àvalos (1489-1525) qui courut la fortune des armes contre la France, avec succès puisqu’il vainquit et captura François Ier à Pavie le 24 février 1525. Mais il mourut à la fin de l’année, de maladie. Vittoria passa le reste de sa vie à déplorer la mort de son mari dans des vers qui furent publiés en 1840 à Rome.
Michel-Ange fut aussi poète et, même si son œuvre littéraire n’est pas très importante, il est reconnu comme l’un des plus grands écrivains italiens de la Renaissance, à l’égal de Pétrarque ou de Dante.
D’après l’édition de Lannau-Rolland, Michel-Ange composa soixante-quatre sonnets, soixante-deux madrigaux, une canzone, cinq épitaphes, une épigramme, deux pièces de stances, une épître et une élégie : cette production date principalement de la fin de sa vie et Michel-Ange eut deux inspirateurs, la poétesse Vittoria Colonna et le jeune Tommaso Cavalieri.

1908 - Roman - Maurin des Maures

Paris, Ernest Flammarion, mars 1908, vii- 432 pages.
Paris, Ernest Flammarion, 1909.
Paris, Nelson, 1939, in-16, 480 pages.
Paris, Club français du livre, collection « Romans » n° 311, 1967, in-8°, vi-396 pages.
Paris, Ernest Flammarion, 1970, in-16, 452 pages.
Paris, Le Livre de poche, n° 4775, 1976, in-16, 414 pages.
Raphèle-lès-Arles, Culture provençale et méditerranéenne, 1988, in-8°, 154 pages.
Oullins, Chardon bleu éditeur, 1999, in-8°.
Bordeaux, Obéron, 2001, in-8°, 410 pages.
Paris, Phébus, collection « D'aujourd'hui », 1996, in-8°, 335 pages.
Paris, Phébus, collection « Libretto », 2002, in-16, 335 pages.

En ligne : Gallica (BnF)

Le braconnier Maurin joue les Mandrin en défendant les pauvres et les petits contre tous les pouvoirs qui les asservissent. Séducteur impénitent, il a le malheur d'aguicher Tonia : il devra alors composer avec cette redoutable fille de Corse et Sandri, son gendarme de fiancé ! On trouve la suite de ses aventures dans L'Illustre Maurin, publié la même année.

Film parlant, 1932 : Maurin des Maures
Réalisateur : André Hugon
Scénario et dialogues : Paul Fékété
Société de production : Les Productions André Hugon
Directeurs de la photographie : Marc Bujard et Georges Kostal
Ingénieur du son : Louis Kieffer
Compositeur de la musique : Jacques Janin
Monteur : Louise Mazier
Acteurs :
Berval, Maurin ; Jean Aquistapace, Pastourel ; Nicole Vattier, Tonia ;
Jeanne Boitel, Mme Labarterie ; Rivers-Cadet, Sandri ;
Camille Bert, brigadier Orsini ; Émile Dehelly, Cabissol ;
Pierre Finaly, Labarterie ; Paul Menant, Célestin Grondard ;
José Davert, Grondard ; Georgey, Grivolas ; Guillaumin, Lecorps ;
Grinda, Saulnier ; Janine Maubant; Délia Col.
Durée 105 minutes. Tourné en décors naturels, le film marque l'émergence d'un vrai cinéma méridional.
Cassette VHS-SECAM, Paris, éditions du Montparnasse, collection « l'Âge d'or du cinéma » n° 46, 1991 ; durée 1 h 40 min, noir et blanc.

Film parlant, 1952 : Les Souvenirs de Maurin des Maures
Courts-métrages à visée touristique, réalisés par André Hugon, pour faire valoir un Berval vantant les charmes du Var à un jeune couple en vacances dans les monts de l'Estérel.

Film parlant, 1970 : Maurin des Maures
Scénario : Jean Canolle - Musique : Francis Lemarque
Réalisation : Claude Dagues
Production ORTF et Studio Auditorium du Languedoc
Producteur : Jean Malige
Acteurs :
Jean Gaven, Maurin ; Armand Meffre, Pastouré ;
Maurice Sarfati, Sandri : Roland Armontel, Rinal (1974) ;
Mireille Audibert, Tonia (1970) ; Gil Baladou, Grondard (1970) ;
Lucien Barjon, Cabissol (1974) ; Henri Crémieux, Rinal (1970) ;
Albert Dinan, Orsini (1974) ; Fransined, le planton (1970) ;
Henri Guisol, Cabissol (1970) ; Pierre Mirat, Caboufigue (1970) ;
Charles Moulin, Larrigue (1970) ; André Nader, Cigalous ;
Marie-Pascale Nesi, Tonia (1974) ; Jean Panisse, Merlusse (1970) ;
Rellys, Saulnier (1970) ; Michel Ricordy, le gendarme (1974) ;
Roger Rudel, le préfet (1974).
Série pour la télévision en vingt-six épisodes de treize minutes chacun, diffusés du 21 janvier au 25 février 1970.
Le découpage du feuilleton télévisé reprend les meilleurs morceaux des deux romans de Jean Aicard, dont le texte est lu en voix off.

1908 - Roman - L'Illustre Maurin

Paris, Ernest Flammarion, avril-mai 1908, vii-517 pages.
Paris, Nelson, « Collection Nelson » n° 156, 1931, 480 pages.
Paris, Flammarion, 1973, in-16, 488 pages.
Paris, Le Livre de poche n° 4776, 1976, in-16, 447 pages.
Raphèle-lès-Arles, Marcel Petit, 1989, in-8°, 220 pages
Paris, Phébus, collection « D'aujourd'hui », 1996, in-8°, 411 pages.

Suite des aventures de Maurin des Maures.

Film parlant, 1933 : L'Illustre Maurin
Réalisateur : André Hugon
Société de production : Les Productions André Hugon
Société de production : F.F.F.A. - Gaumont-Franco Film-Aubert
Directeurs de la photographie : Georges Kostal et Marc Bujard
Ingénieur du son : Louis Kieffer
Compositeur de la musique : Jacques Janin
Décorateur : Robert-Jules Garnier
Acteurs :
Berval, Maurin ; Nicole Vattier, Tonia ;
Jean Aquistapace, Pastourel ; Armand Larcher, Césariot ;
Délia Col, Mme Prevost ; Gilson ; Grinda ; Doumel, Capoufigue ;
Jean Sinoël, le curé ; Édouard Delmont ; Payan ;
Camille Bert ; Milly Mathis.
Durée : 122 minutes. Tourné entièrement en décors naturels.

Film parlant, 1973 : L'Illustre Maurin
Suite du précédent, de Claude Dagues, avec la même distribution, il a été diffusé sous deux formes : treize épisodes de vingt-six minutes et vingt-six épisodes de treize minutes.
Tournage en 1973 à Montpellier, Baillargues, Lunel, Vendargues (Hérault), étangs de Gruissan (Aude), Bormes-les-Mimosas et Saint-Tropez (Var), Corconne (Gard).
Première diffusion : le 8 janvier 1974 sur la 1ère chaîne.

Les feuilletons Maurin des Maures et L'Illustre Maurin ont été publiés en DVD en mai 2013.

1909 - Poésie - Souvenir de Maison-Close

Bulletin de l'Académie du Var, 1909, pages 1-2.
Aicardiana, n° 3, août 2013, pages 48-50.

Maison-Close fut la demeure d'Alphonse Karr (1808-1890) à Saint-Raphaël (Var), où Jean Aicard lui rendait de régulières visites.
Ces vers auraient été écrits en 1886, mais ils ne connurent leur première publication qu'en 1909...

1909 - Discours - Discours prononcés dans la séance publique tenue par l'Académie française pour la réception de M. Jean Aicard, le 23 décembre 1909 par MM. Jean Aicard et Pierre Loti

Institut de France, Académie française, Paris, imprimerie de Firmin-Didot, 1910, in-4°, 54 pages.
Aicardiana, n° 4, septembre 2013, pages 77-124.

Discours prononcé par Jean Aicard pour sa réception à l'Académie française le 23 décembre 1909, Paris, Ernest Flammarion, 1909, in-8°, 32 pages. Suivi de la réponse de Pierre Loti.

1910 - Discours - Inauguration du monu-ment élevé à la mémoire de François Coppée, à Paris, le 5 juin 1910

Paris, imprimerie de Firmin-Didot, 1910, in-4°, 13 pages.

1910 - Discours - Discours prononcé à la distribution des prix du lycée de Toulon, le 28 juillet 1910

Toulon, imprimerie Paul Tissot, 1910, in-8°, 14 pages.

1910 - Théâtre - Gaspard de Besse

Non représenté. Inédit.
Aicardiana, 2e série, n° 30, 15 avril 2020.

Les aventures de Gaspard de Besse – bien connues dans l'œuvre de Jean Aicard par ses deux romans de 1919, Un bandit à la française et Le Fameux Chevalier Gaspard de Besse – firent d'abord l'objet d'une version théâtrale écrite dans les années 1905-1910 : d'une part, le 22 mars 1908, dans une conférence, G. Aubin évoqua « un Gaspard de Besse, pièce dramatique en vers de grande valeur » que notre écrivain détenait dans ses cartons, et dont le texte a été conservé ; d'autre part, la pièce semble avoir été achevée en octobre 1910, en sept tableaux et en vers, puisque, à une mention de Gaston Deschamps – « Je reçois d'Antibes de curieux renseignements sur Gaspard de Besse, le héros du prochain poème de Jean Aicard » – répond effectivement un lot de copies de l'agence Compère portant la mention « Brouillon définitif. Octobre 1910 » et une version définitive.
La pièce narre les aventures enjolivées du célèbre brigand provençal redresseur de torts jusqu'à son supplice.

1911 - Théâtre - Vieux Cœurs

Non représenté. Inédit.

Jean Aicard avait conçu l'idée d'une pièce en quatre actes d'abord nommée Dolorosa et dont la première mise au net est déjà intitulée Vieux Cœurs.
Une seconde version en cinq actes fut ensuite élaborée, qui paraît avoir été achevée en juillet 1902.
L'ouvrage ne réapparaît qu'en septembre 1911, mais l'entreprise n'aboutit pas… et aucun éditeur ne publia la pièce.

Vieux Cœurs est une histoire contemporaine dont l'intrigue se situe à Monte-Carlo pour le premier acte et à Hyères (Var) pour les suivants. La pièce met en scène M. Terlier, ancien colon enrichi devenu important viticulteur varois, et son épouse qui avait failli lui être infidèle si leur fils aîné n'avait découvert le complot, avant de s'expatrier aux États-Unis. L'épouse voudrait faire oublier son attitude passée par une conduite exemplaire, mais le mari reste inexorable. Leur second fils est entrepris par des escrocs qui cherchent à le faire divorcer : la mère déjoue la machination et sauve le jeune couple. Le père pardonne alors et le fils aîné annonce son retour. L'intrigue développe donc le thème de la pitié et du pardon si cher à notre écrivain.

1911 - Théâtre - Jean Aicard. Théâtre

Volume I : Molière à ShakespeareWilliam DavenantOthello.
Volume II : Au clair de la LunePygmalionLe Pierrot de cristalL'Amour geléSmilis.
Paris, Ernest Flammarion, avril 1911, in-18, deux volumes, 344-313 pages.

Ces deux volumes proposent une publication – tardive – de quelques pièces de théâtre écrites par Jean Aicard mais qui n'avaient pas été publiées en leur temps, ou dont les rares éditions étaient totalement épuisées.

1912 - Poésie - La Légende des âmes damnées

Revue politique et littéraire, Revue Bleue, 11 mai 1912, pages 584-586.

En ligne sur ce site

1913 - Poésie - Hollande, Algérie. Hommage à la reine (sonnet). Visite en Hollande. Au bord du désert. L'Âme arabe. Alger. La Pétition de l'Arabe

Paris, Ernest Flammarion, 1913, in-16, 288 pages.

En ligne : Gallica (BnF)

Ce recueil composite est l'occasion de décrire des paysages et des civilisations bien différentes et opposées.

1913 - Discours - Discours à l'assemblée générale de la Société des gens de mer, le 5 mai 1913

Paris, Férou-Vran imprimeur, sd, 19 pages.

1914 - Poésie - Le Romulus

Célébration, avec le concours de M. Jean Aicard, de l'Académie française, du centième anniversaire du combat livré par le vaisseau le Romulus en rade de Toulon, le 13 février 1814, Toulon, les amis du Vieux-Toulon, programme de la matinée du 7 février 1914, triptyque, six volets.

En ligne sur ce site

Le 7 février 1914, au Grand-Théâtre de Toulon, sous la présidence du vice-amiral préfet maritime et du maire, la ville célébra le combat victorieux mené par le vaisseau Romulus dans la grande rade le 13 février 1814, contre une flotte anglaise. Le navire français parvint à échapper à ses agresseurs grâce à une manoeuvre très audacieuse, en allant longer au plus près les récifs de Sainte-Marguerite, et ne dut son salut qu'à l'immense expérience de son pilote.
La matinée anniversaire offrit aux auditeurs diverses pièces de musique instrumentale exécutés par la musique des équipages de la flotte, un récit historique des événements et le poème de Jean Aicard dit par l'auteur.

1914 - Poésie - Le Jardin des enfants. Poésies. Recueil méthodique pour l'enseignement moral. Cours moyen

Paris, Hatier, mars 1914, in-16, xii- 274 pages.

Alors que l'Europe est prête à s'embraser dans un conflit effroyable, le poète adresse aux enfants des petites classes des poésies morales définissant l'Idéal et glorifiant la Bonté.

La genèse de cet ouvrage a été longue et difficile, notamment en raison de la nécessité de définir un enseignement moral en dehors de toute référence religieuse.

1914 - Discours - Alfred de Vigny

Paris, Ernest Flammarion, juin 1914, in-18, xx-299 pages.

En Ligne : Gallica (BnF)

Publication des conférences données à la Revue Hebdomadaire en mars 1914.

1914 - Discours - Discours de distribution des prix au lycée d'Avignon, 12 juillet 1914

Avignon, imprimerie Millo, sd, in-8°, 8 pages.

1914 - Discours - Discours prononcé à Lyon, le 19 juillet 1914, à l'occasion de l'inauguration du monument de Sully Prudhomme

Institut de France, Académie française, Paris, imprimerie de Firmin-Didot, 1914, in-4°, 13 pages.

1915 - Poésie - La Mort du Bouvet

Bulletin de l'Académie du Var, 1914-1915, pages 37-40.
Aicardiana, n° 3, août 2013, pages 50-53.

Le cuirassé Bouvet sauta, le 18 mars 1915, sur une mine immergée. Il faisait alors partie d'une escadre commandée par l'amiral Guépratte participant à la bataille des Dardanelles. Le navire coula immédiatement et la tragédie coûta la vie à 648 marins.

1916 - Poésie - Le Témoin. 1914-1916

Paris, Ernest Flammarion, mars 1916, in-16, xvi-144 pages.

En ligne : Gallica (BnF)

Aicardiana, 2e série, n° 26, 15 décembre 2018, pages 21-103.

Grand poème philosophique en trente et un épisodes.

Dans la dédicace à sa sœur Jacqueline, Jean Aicard rappelle qu’il eut l’idée de ce poème en 1913, qu’il en écrivit les douze premiers chants en 1914 et qu’il en modifia tout le plan après le déclenchement de la guerre. L’œuvre était achevée à la fin de l’année suivante et le poète en donna lecture aux officiers à bord du cuirassé Provence le jeudi 30 décembre 1915.

En pleine guerre, ce recueil oppose l'esprit germain qui incite aux horreurs de la guerre, à l'amour de la Liberté et au respect du Droit qui caractérisent les Français.

1916 - Poésie - Le Rappel de l'or

Paris, Devambez, 1916, 4 pages.

Suite de onze quatrains réunis dans un dépliant publié par le Comité de l'or du Var en 1916. Le poème est daté à la fin « Draguignan, 8 avril 1916 ». Le Comité de l'or du Var invitait les Français à déposer leur métal précieux dans les banques afin de coopérer à l'effort de guerre. Sa devise : « Pour la France versez votre or. L'or combat pour la victoire ».

1916 - Hommage - En hommage à Madame Paulin Bertrand

Toulon, imprimerie Tissot, septembre 1916, in-16, 8 pages.

En ligne sur ce site

Jean Aicard se lia, en 1914-1915, avec le peintre provençal bien connu Paulin Bertrand et son épouse, née Julia Pillore, en littérature Léon de Saint-Valéry, qui habitaient non loin des Lauriers-Roses.
En juin 1915, alors que Jean venait de perdre Jacqueline et qu'il entrait dans la maladie qui allait l'emporter, Julia lui apporta tous les soins que nécessitait son état, lui servant à la fois de secrétaire et d'infirmière, et le couple Paulin-Bertrand éclaira de son affection et de sa tendresse les dernières années de l'écrivain.
Un malheureux plumitif, aussi mal inspiré que bête et méchant, ayant manqué de respect à la bonne Julia, Jean Aicard lui dédia cette petite plaquette d'hommage, tirée seulement à deux cents exemplaires pour être distribuée aux amis.

1916 - Essai - Des Cris dans la mêlée. 1914-1916

Paris, Ernest Flammarion, novembre 1916, 338 pages.
Aicardiana, 2e série, n° 26, 15 décembre 2018, pages  105-316.

Ouvrage en prose composé princi­palement d’articles donnés à la presse, notamment au journal La France de Bordeaux, en 1914, 1915 et 1916, traitant des sujets variés, parfois légers et anecdotiques.

L’idée générale qui inspire ces lignes est de flétrir l’agresseur, son désir de domination brute, sa philosophie de violence et ses méthodes barbares ; de magnifier le courage des Français et de leurs Alliés défenseurs de la civilisation chrétienne et de la démocratie manifestée par la devise républicaine fran­çaise.

1916 - Poésie - Le Sacrifice

Archives municipales de Toulon, Fonds Jean Aicard, carton 1 S 34, pièce n° 312, manuscrit autographe mis au net et très peu corrigé, 86 pages ; la page 1 manque ; daté à la fin : "6 décembre 1916".
Les publications par Les Annales politiques et littéraires (n° 1754, 4 février 1917, page 119 ; n° 1755, 11 février 1917, pages 142-145 ; n° 1756, 18 février 1917, pages 169-171 ; et n° 1757, 25 février 1917, pages 194-195) puis dans Le Sang du sacrifice (voir ci-dessous, 1917) ont été faites avec les moyens réduits du temps de guerre.
Première publication selon les directives de l'auteur : Aicardiana, 2e série, n° 12, juin 2015, avec une introduction de Dominique Amann.

« Le poète a tenté ici ce qui est interdit à l’historien : il a fait parler les choses et les éléments. C’est un des privilèges, une des puissances de la poésie, d’inventer des fictions qui mettent au jour plus de vérité que n’en peuvent exprimer les affirmations abstraites les plus formelles. Aucune épithète ne saurait donner la mesure des sentiments qui soulèvent aujourd’hui l’âme humaine.
« En prêtant au vaste univers insensible toute la pensée et tout le sentiment du roseau humain, le poète a cru donner toute leur grandeur réelle à l’indignation et à la pitié qui, aujourd’hui, gonflent le cœur trop étroit des pauvres créatures humaines dressées contre la race sans âme. » (Jean Aicard).

1917 - Poésie - Arménie. La Plainte armé-nienne

Venise, imprimerie de Saint-Lazare, 1917, in-8°, 14 pages, portrait.

Ces deux poèmes ont été écrits en mai 1917 pour magnifier la résistance du peuple arménien contre son envahisseur turc.

1917 - Théâtre - L'honneur

Lectures pour tous, 1er août 1917, in-8°, pages 1446-1454.
Aicardiana, 2e série, n° 24, 15 avril 2018, pages 45-63.

Drame en un acte en vers daté « 15 avril 1917 » (archives municipales de Toulon, Fonds Jean Aicard, carton 1 S 31), dont l'action se déroule à Bruxelles, en 1917 : deux ecclésiastique belges préfèrent encourir la prison plutôt que de livrer à l'ennemi un Français poursuivi à qui ils ont offert l'asile.
L'argument de la pièce repose sur un fait réel, l'arrestation par l'armée allemande en mars 1917 de deux auxiliaires du cardinal Mercier archevêque de Malines : Mgr Legraive vicaire général du diocèse et le chanoine Allaer supérieur du grand séminaire, qui avaient facilité l'évasion d'un Français recherché par l'ennemi. Les deux ecclésiastiques furent condamnés, le premier à neuf mois d'emprisonnement, le second à huit mois, et aussitôt déportés en Allemagne.

1917 - Théâtre - La Carte postale

La France nouvelle, revue de l’Union française, 2e année, n° 7, avril 1918, « Le théâtre de l’Union française », pages 221-226.
Aicardiana, 2e série, n° 24, 15 avril 2018, pages 65-86.

Un acte en vers, daté « La Garde, 14 juillet 1917 » (archives municipales de Toulon, Fonds Jean Aicard, carton 1 S 31, n° 214) : en lui faisant parvenir une carte postale humoristique raillant l'ennemi, une mère condamne à mort, sans le savoir, son fils retenu prisonnier en Allemagne.

1917 - Roman - Arlette des Mayons. Roman de la terre et de l'école

D'abord publié en feuilletons dans Les Annales, du dimanche 29 avril 1917 au dimanche 5 août 1917.
Paris, Ernest Flammarion, 1917, 298 pages.

Arlette rêve de fortune, d'amour et d'existence facile à la ville ; elle s'oppose à la jeune villageoise travailleuse et fidèle au mode de vie traditionnel de la campagne.

1917 - Poésie - Le Sang du sacrifice... avec traduction anglaise et italienne. Poésies dédiées aux Nations alliées

Paris, Ernest Flammarion, décembre 1917, in-16, 296 pages.

C'est l'hommage de Jean Aicard à la France, à la Belgique, à la Russie, à l'Angleterre, et à toutes les nations qui ont combattu pour la Liberté et le Droit… ainsi qu'aux blessés et morts de la Grande Guerre dont l'héroïsme a sauvé la civilisation occidentale.

Contenu :
— pages 1-82 : « Le sang du sacrifice », poème de Jean Aicard.
— pages 83-168 : « The blood of the sacrifice », traduction de Miss Margaret Gunning.
— pages 169-172 : « À la France », ode écrite en juin 1913 par Rudyard Kipling.
— pages 173-177 : « À l'Angleterre », poème de Jean Aicard, en réponse à Kipling, écrit en juillet 1913.
— pages 179-183 : « To England », ode écrite en juillet 1913 par Jean Aicard, traduite par Margaret Gunning.
— pages 185-271 : « Il sangue del sacrifizo », traduction de M. S. Lallici.
— pages 273-276 : « L'Italie et la France », poème de Jean Aicard dédié à Carducci.
— pages 279-284 : « La marche au tombeau », poème de Jean Aicard dédié à Léon Tolstoï.

Fin 1917 - Théâtre - L'Aveugle

Aicardiana, 2e série, n° 24, 15 avril 2018, pages 87-123.

Un acte en vers, manuscrit (archives municipales de Toulon, Fonds Jean Aicard, carton 1 S 29, pièce n° 187, copie dactylographiée, 29 pages).

Un officier aveugle parvient à faire arrêter un agent de l'ennemi.

1918 - Théâtre - Des Ailes

Aicardiana, 2e série, n° 24, 15 avril 2018, pages 227-242.

Un acte en vers (archives municipales de Toulon, Fonds Jean Aicard, carton 1 S 31, cahier manifold n° 220, pages 53-65) : histoire d'un pilote d'avion et de son mécanicien affrontés aux Allemands en Alsace.

1918 - Théâtre - L'Assisté

La France nouvelle, revue de l’Union française (2e année, n° 6, mars 1918, « Le théâtre de l’Union française », pages 182-185.
Aicardiana, 2e série, n° 24, 15 avril 2018, pages 125-167.

Un acte en vers (archives municipales de Toulon, Fonds Jean Aicard, carton 1 S 31, cahier manifold n° 214, pages 29-56) : un jeune soldat, voleur par nécessité pour secourir celle qu'il aime et leur enfant, est conquis par la bonté de son lieutenant et fait le sacrifice de sa vie.

1918 - Essai - Le Petit Livre de l'unité morale française

La France nouvelle, revue de l’Union française, 2e année, n° 9, juillet 1918, « Questions nationales », pages 285-297.
Aicardiana, 2e série, n° 25, 15 septembre 2018, pages 111-154.

Alors que l’issue des combats commençait à être pressentie, Jean Aicard publia en juillet 1918 un Petit Livre de l’unité morale pour la population française. Ce « petit livre », effectivement réduit aux dimensions d’une plaquette, est fort singulier en plusieurs points et manifeste le souci d’une vision renouvelée de la morale, non plus éclatée entre deux camps ennemis opposant une morale laïque et une morale chrétienne, mais réunifiée autour de l’amour de la Patrie.

1918 - Théâtre - Les Commandements des morts

La France nouvelle, revue de l’Union française, 2e année, n° 10, octobre 1918, « Le théâtre de l’Union française », pages 317-322.
Aicardiana, 2e série, n° 24, 15 avril 2018, pages 145-167.

Vision lyrique en deux scènes (archives municipales de Toulon, Fonds Jean Aicard, carton 1 S 31, n° 214, pages 61-90).
Pièce qui se déroule à Toulon, entre un enseigne de vaisseau et un lieutenant de vaisseau qui évoquent le sacrifice de deux officiers ayant préféré couler avec leur sous-marin plutôt que de voir celui-ci pris par l'ennemi.

1918 - Théâtre - Les Françaises

Aicardiana, 2e série, n° 24, 15 avril 2018, pages 169-201.

Un acte en vers connu par plusieurs manuscrits dont l'un comprend dix-neuf scènes et est daté à la fin : « Noël 25 Xbre 1918 » (archives municipales de Toulon, Fonds Jean Aicard, carton 1 S 19, n° 8-11 - Voir aussi archives municipales de Toulon, Fonds Jean Aicard, carton 1 S 31).

La pièce fut interprétée à Toulon le jeudi 30 janvier durant une séance solennelle de l’Académie du Var (Je dis tout, n° 737, samedi 18 janvier 1919, page 4) et reprise le lundi 14 avril 1919, à Brignoles, dans une grande soirée musicale et vocale donnée par les poilus de la garnison locale sous la présidence de Jean Aicard au profit du Comité Caius Marius. Elle met en scène des infirmières françaises qui n'hésitent pas à tenir tête aux envahisseurs allemands.

1918 - Poésie - Les Deux Victoires, chant triomphal en français et provençal

Toulon, imprimerie Mouton et Combe, noël 1918.

1918 - Poésie - Étrennes des enfants de France aux orphe-lins de la guerre

Bulletin de l'Académie du Var, 1918, page 41.

1918 - Poésie - Tout un peuple martyr. L'Arménie glorieuse. L'Arménie immortelle

Venise, éditions de Saint-Lazare, 1919, 22 pages.

Deux poèmes écrits en 1918. Le premier, « Tout un peuple martyr », expose les tourments infligés aux Arméniens, à partir de faits réels exposés par des témoins directs ; le second, « L'Arménie glorieuse », en comparant les souffrances du peuple arménien à celles du Christ au Golgotha, lui prédit la même résurrection.

1919 - Théâtre - L'Autre Ennemi

Aicardiana, 2e série, n° 24, 15 avril 2018, pages 203-225.

Un acte en vers (archives municipales de Toulon, Fonds Jean Aicard, carton 1 S 31, cahier manifold n° 220, pages 1-20 : ce manuscrit est daté « La Garde Var 5 janvier 1919 »).

Cet « autre ennemi » dont il est traité ici est l’alcoolisme, alors chargé de tous les maux et violemment combattu par tout un ensemble de ligues locales ou nationales, notamment par la Ligue française et L’Union française.

1919 - Essai - Comment rénover la France ? L'École créera l'unité morale, la Leçon de la guerre, l'Église et l'État, les Boys-scouts, le Petit Livre de l'unité morale

Paris, Ernest Flammarion, juillet 1919, in-16, viii-252 pages.

Réunion d'articles et de discours : c'est par l'école et par l'enseignement que l'on pourra relever la jeunesse française, recréer l'unité morale, apprendre aux Français à respecter les droits de la raison et ceux de la foi religieuse.

1919 - Roman - Un Bandit à la française. Gaspard de Besse, raconté aux Poilus de France

Paris, Ernest Flammarion, septembre 1919, in-16, viii-384 pages.

Le personnage de Gaspard de Besse a longtemps intéressé Jean Aicard : dans sa livraison du samedi 18 mars 1911, Le Monde artiste annonça : « M. Jean Aicard vient de terminer un drame en cinq actes en vers, intitulé Gaspard de Besse. »
Le légendaire Gaspard dépouille les riches pour donner aux pauvres. Arrêté, condamné à mort et roué sur la place publique, il meurt pour l'égalité des droits entre les hommes.

Film parlant, 1935 : Gaspard de Besse
Réalisateur : André Hugon
Scénario et dialogues : Carlo Rim
Société de production : Les Productions André Hugon
Ingénieur du son : Ivan Hugon
Compositeurs de la musique : Jacques Janin et Carlo Rim
Assistant-réalisateur : Georgette Le Tourneur de Marcay
Acteurs :
Antonin Berval, Gaspard ; Raimu, Samplan ;
Nicole Vattier, Thérèse ;
Milly Mathis, Toinon ; Antoine Balpêtré, Cabasse ;
Jacqueline Laurent, la fille du geôlier ; Janine Borelli, la voyageuse ;
Robert Vattier, La Griffe ; Pierre Feuillère, Séraphin Cocarel ;
Pierre Juvenet, le juge des Saquetes ; Paul Amiot, le juge Cocarel ;
Lucien Brûlé, le président Marin ; Armand Larcher, Pistolet ;
Marcel Maupi, Tirebouchon ; Dorival, Mirabeau ;
Gaston Dubosc, Maître Bouis ; Frédéric Mariotti, Morillon ;
Jean Joffre, Maître Vincent ; Fernand Flament, le brigadier ;
Dalquier, Bedaine ; Madeleine de Charpin.
Durée : 90 minutes. Berval, trop empâté pour le rôle-titre, est magnifiquement secondé par un Raimu triomphant dans le rôle de Samplan. À la veille du Front populaire, le film dénonce essentiellement l'injustice sociale.
Cassette Secam-VHS, Paris, éditions Montparnasse, 1991 ; nouvelle édition, collection « L'Âge d'or du cinéma » n° 18, 1993 ; durée 1 h 40 min, noir et blanc.

1919 - Roman - Le Fameux Chevalier Gaspard de Besse. Ses dernières aventures

Paris, Ernest Flammarion, 1919, iv-378 pages.

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Le célèbre brigand, emprisonné, médite sur sa vie et ses exploits.

1920 - Théâtre - Forbin de Solliès ou le Tes-tament du roi René

Paris, Ernest Flammarion, 1920, in-16, 190 pages.

Représentée pour la première fois sur la terrasse de la Montjoie, à Solliès-Ville (Var), les 7 et 8 août 1920.

Pièce historique célébrant le rattachement de la Provence à la France… mais aussi pièce patriotique à la gloire de la « grande Patrie ».

Cette dernière œuvre de Jean Aicard, alors très atteint par le mal qui allait l'emporter quelques mois plus tard, devait être, dans l'esprit de l'auteur, une offrande au modeste village qui l'avait accueilli. La venue d'acteurs prestigieux, notamment M. et Mme Silvain de la Comédie-Française, paraissait un gage de réussite.
Mais Jean Aicard avait imaginé un scénario bien loin de l'histoire factuelle, connue des Provençaux, renversant même la réalité historique en présentant une Provence se livrant au roi de France. De nombreux lettrés s'émurent, les félibres organisèrent une véritable cabale, l'académie du Var elle-même se divisa... si bien que les lettrés boudèrent les représentations ; beaucoup se fachèrent avec l'auteur.
Enfin, le bilan financier des deux journées fut catastrophique et Jean Aicard dut le solder sur ses deniers propres.
Au total, Le Testament fut incontestablement « la pièce de trop »,  qui n'ajouta rien à la gloire du poète puisqu'elle ne fut jamais reprise et détériora encore des relations déjà fort délétères avec de nombreux félibres...

1921 - Théâtre - Le Pèlerin

Pièce jamais représentée, publiée dans Aicardiana, n° 10, 15 février 2015, pages 59-187, précédée d'une introduction par Dominique Amann.

Légende de Provence en quatre actes et en vers, connue par plusieurs manuscrits et mises au net dactylographiées.
Jean Aicard mit en chantier Le Pèlerin à l'automne 1920, après qu'eût cessé l'effervescence apportée par les fêtes de Solliès-Ville des 7 et 8 août.
Au début du mois de février 1921, l'auteur avait achevé la rédaction des quatre actes et l'agence parisienne Compère en établit une première mise au net dactylographiée.
Notre écrivain destinait cette œuvre à son théâtre de plein air de la Montjoie, à Solliès-Ville : les premières lectures et répétitions lui permirent d'achever le texte, mais sa mort fit capoter le projet de mise à la scène.
La pièce de Jean Aicard illustre une légende provençale bien connue : celle d'un pèlerin venu d'on ne sait où et qui rétablit les finances du comte de Provence. Le protagoniste n'y est pas nommé : on sait seulement que c'est un roumieu et on l'appelle donc Romée.
Le personnage de Romée, dans son désir extrême de perfection et de sainteté, manifeste une intransigeance qui heurte ses contemporains et nuit parfois au message qu'il veut délivrer. Mais il faut bien voir que notre poète, qui n'ignorait pas les progrès rapides en lui de sa maladie, a fait de la légende provençale le prétexte à une œuvre de haute inspiration ayant valeur de testament philosophique et spirituel : il avait donc besoin d'une voix forte et inspirée, d'un personnage droit et assuré dans ses croyances, d'un guide sûr, pour pouvoir réaffirmer, à chaque page de son œuvre, les composantes principales de sa pensée morale et métaphysique.

1923 - Nouvelles - Le Rire de Maurin des Maures

Paris, Ernest Flammarion, 1923.
Paris, Nelson, « Collection Nelson » n° 387, 1935, in-16, 191 pages.

Nouveau volume (posthume) des aventures de Maurin des Maures, composé par Julia Pilore avec des chapitres que Jean Aicard avait écrits mais n’avait pas utilisés dans les deux volumes publiés de son vivant.

1928 - Contes - La Gueuse des marais

Paris, Ernest Flammarion éditeur, 1928, in-8°, 249 pages.

Recueil (posthume) composé par Julia Pilore avec des manuscrits laissés par Jean Aicard mais non publiés.

2010 - Contes - Contes et récits de Provence

Marseille, éditions David Gaussen, 2010, in-8°, 206 pages.

Recueil posthume composé de textes choisis en prose de Jean Aicard, commentés et annotés par Dominique Amann ; notamment de la très jolie nouvelle Jacqueline, connue seulement par un manuscrit autographe retrouvé à Los Angelès.

Divers

L'œuvre littéraire de Jean Aicard comprend encore des articles et poèmes publiés dans de nombreuses revues, et dont l'inventaire reste à faire ; ainsi qu'une quarantaine de préfaces.


> Les préfaces accordées
par Jean Aicard


À une époque où une belle préface écrite par une personnalité en renom était une incitation supplémentaire à l'achat d'un ouvrage, les auteurs recherchaient ces parrainages prestigieux et Jean Aicard, écrivain célèbre, fut largement sollicité.

1881
RODENBACH (Georges), La Mer élégante, poésies, Paris, Alphonse Lemerre, 1881, in-16, XIV-116 pages.


Né à Tournai (Belgique) le 16 juillet 1855, Georges Rodenbach a passé son enfance à Gand. Issu d'une famille aristocratique d'origine allemande, il fit de brillantes études secondaires. Il termina son cursus en droit à Paris et devint le collaborateur de l'avocat Edmond Picard. Mais, en 1881, il délaissa le barreau pour se consacrer à sa passion, la littérature.
Il était donc à l'aube de sa carrière littéraire quand il obtint une préface de Jean Aicard pour son troisième recueil de poésies, La Mer élégante, publié en 1881, après Le Foyer et les Champs (1877), Les Tristesses (1879) et le poème historique La Belgique 1830-1880 (1880).
Georges Rodenbach fit son premier séjour à Paris en 1878 et fréquenta assidûment le cercle des Hydropathes (« ceux que l'eau rend malades » !), très nouvellement créé par Émile Goudeau pour célébrer la littérature… mais aussi le vin ! Il entra en relations avec Catulle Mendès, François Coppée, Maurice Barrès : il était inévitable qu'il rencontrât Jean Aicard, son aîné de sept ans.

1883
BRUN (Claude), Histoire de Saint-Nazaire, Marseille, Marius Lebon et Toulon, A. Isnard, 1883, in-16, xi-63 pages, illustrations en noir.


Ouvrage précédé d'une lettre de Jean Aicard.
Claude Brun a aussi publié : Bandol, notice topographique et historique, Marseille, Marius Lebon, 1881 ; Les Maladies de la vigne, Marseille, bureaux du "Réveil agricole", 1894 ; Notice sur l'immortelle jaune, Toulon, imprimerie de M. Massone, 1879, précédée d'un poème de Jean Aicard ; Petit Manuel d'agriculture méridionale, Paris, F. Nathan, 1892.

1886
DOL (François), Poésies de François Dol recueillies et publiées par ses amis, Draguignan, imprimerie de C. et A. Latil, 1886, in-16, XXIV-141 pages, portrait.


François Dol, né le 23 janvier 1829 à Flayosc (Var), acheva ses études secondaires au collège de Draguignan et fit une modeste carrière de fonctionnaire à la préfecture du Var. Mais il avait aussi le goût des lettres et composa, notamment, une belle œuvre poétique.
Après son décès, survenu le 19 avril 1884, ses amis publièrent un recueil de ses poésies et Jean Aicard, qui avait bien connu ce poète varois, offrit son appui.

1887
MANIVET (Paul), Le Glas de l'âme, sonnets, édition revue et augmentée, Paris, A. Savine, 1887, in-18, XXII-186 pages.


Paul Manivet est né en Avignon le 26 juin 1856, ville qu'il célèbrera souvent dans son œuvre littéraire. Il s'était illustré principalement au théâtre et avait également publié quelques vers (La Comédienne, 1880 ; Au pays des cigales. Les Heures avignonnaises, 1883 ; Un discours académique : triolets à ma muse, 1883) lorsqu'il obtint une préface de Jean Aicard pour la deuxième édition de son recueil de sonnets, Le Glas de l'âme, dont la première édition (Paris, E. Dentu, 1885) parut précédée d'une lettre de François Coppée.

1889
RYNER (Han) [pseudonyme : Henri NER], Chair vaincue, roman psychologique, suivi de Lâchetés viriles, Paris, librairie parisienne, 1889, in-16, 333 pages.

1893
BUCHARD (Henri), L'Amiral Cloué, sa vie, récits maritimes contemporains, Paris, Charles Delagrave, 1893, in-8°, XII-208 pages, planches et cartes.


Le lieutenant de vaisseau Henri Buchard, né en 1854, est un écrivain maritime à qui l'on doit, outre la levée de quelques cartes publiées par le Service hydrographique de la Marine, Torpilles et torpilleurs des nations étrangères, suivi d'un atlas des flottes cuirassées étrangères (Paris, Berger-Levrault, 1889), Comment la France conquit l'Angleterre en 1888 : récits des batailles et combats divers qui amenèrent cette conquête, d'après l'allemand Der grosse Seekrieg im Jahre 1888 de Spiridion Gopcevic, roman (Paris, H. Charles-Lavauzelle, 1891), Marines étrangères, situation, budget, organisation, matériel, personnel, troupes, défenses sous-marines, armement, défenses du littoral, marines marchandes (Paris, Berger-Levrault, 1891).

1895
ALABE (Anatole), Ma première gerbe littéraire, chants d'amour, Toulon, imprimerie d'E. Foa, 1895, in-16.


Pour Anatole Alabe, voir Aicardiana n° 2, mai 2013, pages 75-102.

1895
MANGIN (Paul), L'Année d'autrefois en Provence, Paris, L. Duc, 1895, in-16, 3-VII-99 pages, figures.


Homme de lettres, publiciste, poète, Paul Mangin a également publié Angoisses d'âme, études et poésies philosophiques (Paris, L. Duc, 1892).

1895
MOULIN (Franki), 
À travers les pensées. Les teintes sombres, état d’âme, Paris, Fischbacher, 1895, in-12, viii-108 pages ; préface de Jean Aicard.

Stomatologiste mais aussi publiciste et poète, Moulin a également publié À travers les pensées. II. Grisailles et clartés (Paris, Fischbacher, 1896, in-12, vi-166 pages).

1900
VILLARD (Théodore), Les Fleurs à travers les âges et à la fin du XIXe siècle, Paris, A. Magnier, 1900, in-folio, II-263 pages, 51 planches en couleur, portrait ; reproductions d'aquarelles de Madeleine Lemaire ; notes horticoles et botaniques résumées avec le concours de MM. Maxime Cornu et A. Chargueraud.
Ouvrage honoré du prix Joubert de L'Hyberderie, par la Société nationale d'horticulture de France.


Des extraits de la préface de Jean Aicard ont été publiés dans La Revue de Paris, 6e année, tome 6, novembre-décembre 1899, pages 95 sq.

1901
LOU FAROUN, Lou Bouen vieilh rire : garbo de falibourdos, gailhardaries talounados, etc. Cuilhidos un poou de pertout et adoubados en patois marsihès ; eme une prefaço de Senès dit La Sinso et de Jean Aicard, Toulon, imprimerie régionale Romain Liautaud, 1901, in-16, 96 pages.


Textes en provençal.

1903
LACOSTE (Ernest), Fleurs sauvages, sonnets, Hyères, Arène, 1903, in-16, 78 pages.


Sonnet liminaire de Jean Aicard.

1907
ARBOUSSET (Benjamin), Poèmes du Foyer, Paris, Fischbacher, 1907.


Poèmes précédés d'une lettre de Jean Aicard.

1909
MOUGENOT (Fabien), La soldatesque, Paris, Vasseur, 1909, in-16, 235 pages.


Jean Aicard dédicaça La Soldatesque, à la gloire de tous les combattants, pour avoir « veillé une nuit funèbre, au chevet de mon neveu le capitaine Pierre Simon, qui avait suivi Marchand en Afrique et qui, rapatrié, malade de la fièvre jaune, avant la fin de la célèbre expédition, vint mourir près de vous, à Batna. »

1909
PINCHART (Alfred-Omer), Le drapeau, Paris, Société française d'imprimerie et de librairie, 1909, in-16, 36 pages.


Alfred-Omer Pinchart est né en août 1873 à Avesnes-sur-Helpe mais a vécu à Fourmies et y fut nommé instituteur en 1896, poste qu'il occupa jusqu'à la fin de sa vie en 1929.
Le Drapeau est son premier ouvrage publié.

1909
POINSOT (Maffeo Charles), Le Théâtre français, Paris, L. Michaud, collection « Encyclopédie littéraire illustrée, anthologie des chefs-d'œuvre classiques de toutes les époques et de tous les pays, prosateurs et poètes » n° 4, 1909, in-16, 219 pages, figures.


Cet ouvrage contient également un essai sur le théâtre français à l'étranger, par Charles Simond.

1910
ROCHENOR (Marthe), Mots et gestes d'enfants, Tours, A. Cattier, 1910, in-4°, 64 pages, figures.


Marthe Rochenor n'avait publié que Jésus et nos petits enfants (Paris, Camis, 1898, préface de François Coppée) ainsi que Mère Gaud (saynète bretonne en un acte, Tours, A. Cattier, 1909), quand elle présenta son nouvel ouvrage, Mots et gestes d'enfants, à Jean Aicard : celui-ci ne put qu'être séduit par cette poétesse de l'enfance et du Galiléen.

1910
BERTHIE (Lazare), En suivant le flot bleu, Sainte-Maxime-en-Provence, Paris, imprimerie de la Pensée moderne, 1910, in-16, 226 pages.


A publié, la même année, Légende de Provence sur les origines du golfe de Grimaud, ou les amours mystiques de sainte Maxime et de saint Tropez (Paris, la Pensée moderne, 1910).

1910
DARTIGUE (Henry), Auguste Sabatier, critique littéraire d'après sa correspondance au journal de Genève, Paris, Guillaume Fischbacher, 1910, in-8°, IX-XX-179 pages.


Henry Dartigue (1879-1959), pasteur réformé, fit œuvre de critique littéraire et d'historien du protestantisme.
Le pasteur Auguste Sabatier est le premier qui, d'après Camille Jullian dans son discours de sa réception à l'Académie française, ait « relevé la grandeur morale » du talent de Jean Aicard.

1910
DURANDY (Dominique), L'Âne de Gorbio, poussières du Midi, 3/Paris, Bernard Grasset, 1910, in-16, 278 pages.


Dominique Durandy est né à Nice le 24 janvier 1868, d'un père ingénieur à la ville. Avocat, mais surtout gendre d'Alfred Borriglione, il devint, à la mort de ce dernier en 1902, directeur du quotidien local, le Petit Niçois.
Parallèlement à ses activités politiques, il se consacra à la littérature. L'Âne de Gorbio est son premier ouvrage régionaliste, à la gloire du pays niçois.

1911
BAYET (Jean), Égypte, Vincennes, Les Arts graphiques, collection « Les beaux voyages », 1911, in-16, 118 pages, carte en noir, planches en couleur.


Jean Bayet, né à Lyon le 25 janvier 1882, est mort au combat en Alsace le 7 avril 1915, étant lieutenant au 356e régiment d'infanterie. Il était fils de Charles Bayet, né à Liège le 25 mai 1849 et décédé à Toulon le 17 septembre 1918, ancien condisciple de Jean Aicard au lycée de Nîmes.
Jean Bayet fit ses études à Lille puis à Paris et obtint une licence de lettres et une licence de droit. Historien de l'art, il fut un collaborateur habituel du dictionnaire Le Larousse. Il écrivit quelques articles pour Jean Aicard, notamment à la parution de Benjamine et de Maurin des Maures.

1911
GAUTIER (Judith), En Chine, Vincennes, Les Arts graphiques, collection « Les beaux voyages », 1911, in-16, 112 pages et 12 planches en couleur.

1912
GAUTIER (Judith), Le Japon, Vincennes, Les Arts graphiques, collection « Les beaux voyages », 1912, in-12, 115 pages, planches en couleur.

1912
MONGIN (Laurent), Sonnets travestis sur les rimes du Sonnet d'Arvers, nouvelle édition Toulon, F. Maria, 1912, in-8°, 18 pages.


Né en 1861, Laurent Mongin était un historien toulonnais déjà bien connu lorsqu'il commit un essai poétique original en composant, sur les rimes du célèbre sonnet de Félix Arvers (1833), quatorze sonnets de sa façon, – autant qu'il y a de vers dans un sonnet, – tous différents. Jean Aicard, dans une lettre-préface, mit en garde le jeune poète contre la tentation de la facilité : « Savez-vous que, pour un débutant, c'est très bien, ingénieux, amusant ? Mais, prenez garde, vous avez écrit quatorze sonnets sur les mêmes rimes ; n'en ajoutez pas d'autres. On ne recommence pas ces tours de force et d'ingéniosité. »

1912
Les Pompiers, 1e exposition janvier 1912, Paris, galerie G. Petit, 1912, in-8°, 71 pages, illustrations.


Photographies en noir et blanc de peintures de Marcel Baschet, Maurice Bompard, J.-F. Bouchor, Henry Brokman, Paul Chabas, Louis-Joseph-Raphaël Collin, A. Déchenaud, Emile Friant, Albert Gosselin, Henri Harpignies, William Laparra, Jules Lefebvre, J.-H. Lorimer, Luc-Olivier Merson, Arpad de Migl, Richard Miller, Aimé Morot, Jues-Alexis Muenier, Jean-Baptiste Olive, Auguste Pointelin, Henri Royer, Saint-Germier, Pierre Vignal, A. Vollon, Félix Ziem ; et de sculptures de H. Cordier, Ernest Dubois, A. Injalbert, Victor Peter, F. Sicard, R. Verlet, F. Vernon.
Dessins et pastels de Marcel Baschet, J.-F. Bouchor, Emile Friant, Luc-Olivier Merson, Auguste Pointlin et Henri Royer.

Sonnet-préface de Jean Aicard :
L'ART


L'éternelle Vénus qui, sous le flot natal,
Nous fuit — mais, par éclairs, laisse admirer sa trace,
Nous voulons, dans sa gloire et dans toute sa grâce,
La dresser sur la toile ou sur le piédestal.


Apelle et Praxitèle, orgueil de notre race,
Avec leurs yeux de chair ont vu notre Idéal
Ouvrir, flottante en plein azur oriental,
Sa robe de victoire aux vents de Samothrace.

Nous, de tous les beaux plis du voile d'Astarté,
Qui palpitent changeants sous la brise marine,
Nous épions celui qui parfait la beauté…

Des courbes de la grâce une seule est divine :
L'écolier la poursuit ; le maître la devine
Et la fixe — en mourant — pour l'immortalité.

1913
HAUSER (Fernand), Les Balkaniques, poèmes, Paris, F. Carbonnel, 1913, in-8°, 151 pages, figures.

1914
VAUTIER (Paul), John le conquérant, roman, Paris, Société française d'imprimerie et de librairie, 1914, in-16, VIII-320 pages.

1915
L'Héroïsme français, anecdotes de la guerre suivies de réflexions et de questions pour les écoliers de France, Paris, A. Hatier, 1915, in-16, VI-192 pages, figures. 3/ Paris, A. Hatier, 1915, in-16, VI-255 pages, figures.

1916
CLÉMENT (Marie-Louise), La Nouvelle Épopée, poèmes et récits de guerre, 1914-1916, précédés de Poésies patriotiques, Paris, Jouve, 1916, in-16, 128 pages.


Née à Neufchâteau en 1893. Décédée à Valréas en 1932.

1916
ESTASSY (Yvonne), En marge de l'épopée, extraits, Nîmes, imprimerie d'Albin Pujolas et Méjan, 1916, in-8°, I-52 pages.

1916
DUCASSE-HARISPE (A.), Les Herbes de mon moulin, contes et récits, Paris, A. Michel, 1916, in-16, 234 pages.


Jeune écrivain à l'aube d'une carrière essentiellement dramatique.

1916
LÉCHÉ (Oswald de), Hymnes français, Paris, Eugène Figuières, 1916, in-16, 111 pages.


Jeune officier saint-cyrien, né en 1893, tué au combat le 18 juin 1915 à Saint-Pol-sur-Ternoise, en Artois.

1917
FROMENTEAU (Marcel), Les Sonnets de la guerre. 1914-1916, Saint-Mandé (Seine), édition du Jardin fleuri, 1917, in-16, 79 pages.

1917
GACHET (Jean-Léon), Fleurs provençales dans la tourmente. Poésies de guerre, Marseille, imprimerie Méridionale, 1917, in-16, 40 pages.


Jean Aicard a bien volontiers accordé une petite lettre-préface au premier recueil de ce jeune auteur, sur la demande de son grand-père... tout en regrettant une « audace touchante »... mais prématurée !

1918
SILVESTRE DE SACY (Léon), Les Haltes rustiques, Bordeaux, Féret et fils, 1918, in-16, 164 pages.


Né en 1867, décédé en 1931. Membre de l'académie nationale des sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux, dont il fut plusieurs fois lauréat et dans le bulletin de laquelle il publia quelques poèmes.

1918
DACREMONT (Henri), La Meuse, vers et sonnets, Paris, Eugène Figuière, 1918, in-18, 80 pages.

1920
Histoire de la grande guerre par un Français, Paris, Librairie A. Hatier, 1920, in-16, 407 pages, illustrations gravées, cartes.

1920
D'ARVEL (Pierre), Brise latine et Vents du Nord, poèmes, Paris, Lemerre, 1920.

Préface de Jean Aicard.

sd
GIULIANI (Dr Joseph, sous le pseudonyme Germain TRÉZEL), Fleurs du maquis, Paris, librairie A. Maloine et fils, 76 pages.


1877-1946. Médecin et écrivain, auteurs de quelques ouvrages littéraires, dont un recueil de sonnets et un acte en vers. Les Fleurs du maquis n'apparaissent dans aucune bibliographie : elles forment un hymne à la petite patrie de Corse.

sd
LORÉDAN (Jean), Humbles drames.


Né en 1853, mort en 1937. Historien en renom, passionné notamment par les sorciers et les brigands, chantre de la célèbre « Marion du Faouët », de son vrai nom Marie Tromel, chef d'une bande de brigands qui défraya la chronique durant plus de quinze années, malheureuse héroïne hors-la-loi qui finit sa vie sur le gibet de Quimper en 1755.

sd
LOUVIE (Paul), Des Fleurs, des larmes et du sang.


Ouvrage probablement publié à compte d'auteur, pour son usage, et qui n'apparaît dans aucune bibliographie.

sd
PELLEGRIN (Arthur), Les Gars d'Afrique, poèmes, Tunis, éditions littéraires Frédéric Weber.


1891-1956. Historien de la Tunisie, de la littérature nord-africaine et de l'Islam. Il fut aussi l'animateur de la Société des écrivains de l'Afrique du Nord. Son recueil de vers, préfacé par Jean Aicard, n'apparaît dans aucune bibliographie : probablement une œuvre de jeunesse…

sd
CHABRIER-RIEDER (Charlotte, 1865-1935), Monsieur Petit-Frère, Paris, Alcide Picard éditeur, collection "Bibliothèque bleue illustrée", petit in-8°, 2-250 pages.

1929
CHEVALIER (Marius), La Sartagnado de Misé Mouffo, recuei dé galéjado dé badinado et dé boufounado en lengo francéso é prouvençale encabestrado ; préface de Richard Andrieu, Toulon, A. Rebuffa, E. & J. Rouard, 1929, in-16, 236 pages, illustrations en noir.


Cet ouvrage contient également une lettre de Jean Aicard à l'auteur .